Intervention de Delphine Ernotte

Réunion du 7 décembre 2016 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions :

Mesdames, messieurs les députés, vous avez été nombreux à m'interroger à propos de France 3. Comment trouver un équilibre entre la contrainte financière, qui s'impose à cette chaîne comme à tout le groupe France Télévisions, et la nécessité d'être au plus près des téléspectateurs ? Il convient d'abord de distinguer l'antenne de la structure de décision : ainsi, nous conservons les vingt-quatre antennes actuelles et ne remettons pas en cause le maillage territorial. Nous continuerons donc d'avoir vingt-quatre journaux régionaux. Cependant, nous nous dotons de treize structures de décision, qui pourront produire, par exemple, treize magazines.

Dans l'idéal, il faudrait que nous soyons encore plus petits, car plus on colle à la réalité d'un territoire, plus on est précis et plus on est capable d'apporter aux gens ce qu'ils attendent : une vraie proximité. Mais nous n'avons pas aujourd'hui les moyens de faire quarante-six, soixante ou quatre-vingts antennes. Nous devons donc nous organiser en ayant conscience de nos moyens limités.

En ce qui concerne les bureaux excentrés, il est également nécessaire de conserver le maillage du territoire : les journalistes et les équipes techniques doivent être déployés sur le terrain et ne peuvent pas être tous regroupés dans la capitale régionale. Ce serait une erreur de penser que la régionalisation, c'est la centralisation dans la capitale régionale. Les éditions locales durent sept minutes et sont diffusées tous les soirs. Ces éditions doivent-elles être diffusées sur une maille plus large que la maille locale ? C'est une question purement éditoriale. Les éditions locales continueront de vivre et bénéficieront de moyens pour rendre compte de l'actualité.

Je me suis engagée à contenir les effectifs et le budget de France Télévisions, mais j'ai une marge de manoeuvre qui me permet d'affecter une part du budget national dans les antennes locales. Nous avons certes un enjeu financier de masse salariale, mais pas forcément d'effectifs, même s'il y a un lien évident entre les effectifs et la masse salariale.

Madame la rapporteure générale, vous m'avez dit à plusieurs reprises avoir été scandalisée que nous n'ayons pas répondu à l'appel d'offres lancé sur Toulouse. En fait, cela ne nous a même pas traversé l'esprit, parce que France 3 est déjà présente dans le Midi et que nous ne pouvons pas détourner des moyens de France 3 antenne locale vers un France 3 métropole Toulouse. Cela se ferait au détriment du reste de la région. Aujourd'hui, nous sommes bel et bien présents à Toulouse, et nous n'avons pas le sentiment d'en être absents. Si un autre appel d'offres est lancé pour une autre métropole, nous ne répondrons pas davantage. Il ne s'agit pas de mépris de notre part, car nous sommes présents au plan régional, mais nous n'avons pas les moyens d'avoir à la fois une télévision de plein exercice à Lille et France 3 Hauts-de-France.

En revanche, nous sommes tout à fait ouverts, dans les différentes régions, à des partenariats avec la presse, des télévisions privées ou d'autres acteurs publics. J'examinerai avec une grande bienveillance tout projet de coopération, tant avec des acteurs publics que des opérateurs privés, comme nous l'avons fait au niveau national avec Franceinfo, car nous pensons qu'il faut encourager ces projets communs.

Vous m'avez interrogée sur le coût de la chaîne d'information et son audience. Oui, nous trouvons que 0,3 % d'audience, c'est très bien. Lorsque BFM TV a démarré, son audience ne s'est pas établie tout de suite à 3 %. Une chaîne de télévision met des années à s'installer : c'est une réalité. Pour tout vous dire, je pensais que notre audience de départ serait de 0,1 %. Je suis donc très contente.

Quant à son coût, il faut savoir que cette chaîne n'est pas une entité juridique. Il faut la voir comme une édition supplémentaire, tels le 20 heures, le 1920, le 1213 ou le 13 heures. Elle a juste la particularité d'être une édition permanente. Il n'est pas plus aisé de calculer le coût complet de cette chaîne que de connaître celui du 20 heures ou du 1213. Prenons l'exemple de Jean-Paul Chapel qui, tous les matins à neuf heures vingt, fait un billet économique sur Franceinfo et le soir un papier dans le cadre du 20 heures. Combien pèse-t-il dans la chaîne et dans le 20 heures ? Faut-il le couper en deux ? Comme cette chaîne s'appuie sur les rédactions existantes, celles de France Télévisions ou de Radio France, ce serait une usine à gaz que de décider que chaque intervenant compte pour tant. Nous avons donc raisonné autrement : pour maîtriser le coût de cette chaîne, nous devons maîtriser le surcoût, c'est-à-dire les recrutements supplémentaires, les investissements supplémentaires, les coûts d'exploitation du plateau. À cet égard, j'ai toujours été claire : j'ai indiqué que cette chaîne se ferait à 50 % par redéploiement et à 50 % par recrutements externes. À l'horizon de 2018, nous atteindrons bien cet objectif. Nous n'avons pas recruté plus de quatre-vingt-cinq ou quatre-vingt-sept personnes.

Nous avons trois objectifs avec cette chaîne : nous voulons être un média numérique de référence, être numéro un avec Radio France, faire progresser les audiences de la radio France Info et celles de cette nouvelle chaîne.

S'agissant du numérique, comme je l'ai indiqué tout à l'heure, l'offre commune entre France Télévisions et Radio France permet que le total des visites surpasse l'addition de nos deux sites antérieurs. Cela veut dire que l'union fait la force. Nous voyons que notre empreinte numérique croît à vitesse grande V, à la fois sur notre application, notre site, mais aussi sur Facebook, Tweeter, Snapchat, et c'est notre objectif prioritaire. Demain – c'est déjà un peu le cas aujourd'hui –, c'est sur son smartphone que l'on consommera l'information.

J'en viens à la SVOD. Au sein de France Télévisions, notre filiale, France Télévisions distribution (FTD), édite et vend des DVD. Nous savons bien que les contenus seront dématérialisés et que ce support va disparaître – notre chiffre d'affaires est d'ailleurs en baisse –, pour être remplacé par la vidéo à la demande par abonnement ou l'achat à l'acte. Nous ne sommes pas en train d'inventer un nouveau modèle, mais de nous adapter à la révolution numérique, car nous voulons exister et peser sur ce marché. Il s'agit d'une nouvelle activité qui utilise des actifs qui ne sont pas les nôtres et qui appartiennent, dans leur grande majorité, aux producteurs. Il n'est pas question de rendre payants des contenus qui sont aujourd'hui gratuits, mais de conclure une alliance avec ceux qui possèdent les droits, c'est-à-dire les producteurs, pour exposer et construire une offre qui ne nécessite pas de grands besoins de financement, parce que France Télévisions n'en a pas les moyens. Notre trésorerie étant négative – c'est un héritage du passé –, il faut éviter de creuser cet écart, et peut-être même céder des actifs pour revenir à une trésorerie positive.

Depuis un an, nous avons négocié avec les producteurs : nos relations sont très bonnes, car nous tenons nos engagements. Il ne faut pas oublier que l'argent de France Télévisions vient irriguer un écosystème bien plus large que notre seul groupe. La redevance, ce ne sont pas seulement des emplois à France Télévisions, mais des auteurs, des réalisateurs, des créateurs, soit 100 000 emplois. C'est avec eux que nous réaliserons ce service, dont nous vous reparlerons dans le détail dès que nous aurons un business plan plus précis.

Le rapport de la Cour des comptes insiste sur le respect de la commande publique. En la matière, nous avons amplifié l'action de mon prédécesseur, qui avait déjà beaucoup fait. Les contrats qui posaient problème ont presque tous été renégociés, restaurés, nous avons refait des appels d'offres. Nous continuons par ailleurs à consolider des accords-cadres sous l'égide de la direction des achats que nous avons renforcée en y affectant une dizaine de personnes afin de lui donner plus de poids.

Mais la déontologie, c'est aussi de savoir ce qu'il faut faire lorsqu'un salarié de France Télévisions part travailler chez un producteur. À cet égard, il n'y a pas de solution radicale et simple, car nous avons besoin d'une certaine fluidité de l'emploi. Si nous interdisons aux salariés de France Télévisions d'aller travailler ailleurs, ils ne pourront avoir aucune perspective de carrière en dehors de notre groupe. Cela dit, il convient d'édicter des règles. J'ai créé au sein du groupe un poste de déontologue, placé sous la responsabilité du secrétaire général Francis Donnat. La femme qui a été recrutée a commencé à travailler à l'élaboration d'un code de déontologie qui a été présenté au conseil d'administration.

Très concrètement, lorsqu'un responsable d'unité de programme part chez un producteur, la décision est décentralisée : ce n'est ni son équipe d'origine ni son précédent patron qui peut décider de lui confier un programme. Cette règle vaut pendant une durée d'un an après son départ. C'est une solution très pragmatique, car les départs ne sont en fait pas très nombreux. Nous faisons plutôt du cas par cas.

Nous avons aussi mis en place un système de lanceurs d'alerte en interne pour mettre au jour des situations qui pourraient sembler ambiguës. Vous le voyez, c'est tout un code de déontologie qui sera suivi par l'un des comités du conseil d'administration auquel nous rendons compte en détail.

Nous avons également décidé de communiquer les notes de frais des membres du comité exécutif – je ne sais pas si beaucoup d'entreprises publiques le font –, dont les miennes, après analyse par le conseil d'administration. Le comité des rémunérations les décortiquera avant de les publier sur le site internet.

De nombreuses questions ont porté sur le spectacle vivant. France Télévisions y consacre 17 millions d'euros, pour un investissement global d'environ 40 millions, soit quatre fois plus qu'Arte et six fois plus que l'ensemble de la télévision numérique terrestre. Je ne prétends pas que ce soit assez, mais ce n'est pas rien. Entre 2014 et 2015, loin de baisser, les apports en faveur du spectacle vivant sont restés constants. Nous allons sécuriser ces montants sur le long terme, au travers d'accords spécifiques avec les professionnels du spectacle vivant. Il s'agit d'un enjeu important pour nous, et nous continuerons à le faire vivre.

D'un côté, on nous reproche de trop nous soucier de l'audience et on nous suggère de supprimer la publicité, tandis que, de l'autre, on nous demande ce qui se passe de quatorze à quinze heures au mois de septembre sur France 2. Changer les programmes, c'est prendre le risque de faire baisser les audiences. Pour autant, ce n'est pas dramatique. S'il est un endroit où l'on peut prendre le temps de réfléchir et d'expérimenter, c'est bien sur le service public. L'essentiel, c'est de ne pas avoir à rougir des programmes que l'on met à l'antenne l'après-midi sur France 2. Or je n'en rougis pas. Certains se développeront très bien, tandis que d'autres auront plus de difficulté. Nous prendrons des décisions en temps voulu, mais rien ne presse, car ce ne sont pas les audiences ni les revenus publicitaires qui nous guident – d'autant que ceux de l'après-midi ne sont pas énormes. J'ajoute que les audiences connaissent des variations. Tel programme marche très bien aujourd'hui, mais la courbe peut s'inverser demain. On ne pilote pas en fonction de l'audience d'un jour, donnée anecdotique. Il faut observer comment les tendances évoluent sur le long terme. Les audiences de la veille ou du mois ne m'impressionnent pas.

Quant au Qualimat, même s'il est intéressant, il est d'un emploi délicat pour comparer des programmes. On ne l'interprète en effet pas de la même manière selon les émissions. Par exemple, lorsque vous retransmettez un match de football, si la France gagne, le Qualimat est haut ; si elle perd, il est bas ! Peut-on en déduire quoi que ce soit sur la manière dont a été réalisée la retransmission ? Je ne le crois pas. En revanche, s'agissant de la diffusion de films sur une soirée donnée, on sait dire que tel film a davantage plu que tel autre. Le débat de l'entre-deux-tours de la primaire des Républicains a été diffusé à la fois sur France 2 et sur TF1. Alors qu'il n'y avait qu'une seule réalisation et un seul signal, l'indice de satisfaction a été de 7,6 sur TF1 et de 7,1 sur France Télévisions. Pour un même programme, le score est donc différent, alors que les audiences, énormes, ont atteint un total de 8,5 millions de personnes. Peut-être ne s'agit-il pas en fait des mêmes publics.

Mme Genevard m'a interrogée sur les actions éducatives de France Télévisions. Nous avons une nouvelle offre sur le portail Éduthèque, en partenariat avec le réseau Canopé, qui prend la suite du groupement d'intérêt économique lesite.tv. Nous mettons par ailleurs des vidéos à la disposition de l'éducation nationale – nous avons d'ailleurs ce réflexe de le faire et de demander des droits aux producteurs pour les mettre à disposition. Il y a dix jours, dans la case Infrarouge, a été diffusé sur France 2 À voix haute, magnifique documentaire sur un concours d'éloquence auquel participent les étudiants de l'université de Saint-Denis. Le lendemain de sa diffusion, nous avons eu le réflexe de demander au producteur de libérer les droits pour donner ce documentaire à l'éducation nationale, afin qu'il soit diffusé dans les classes. Nous avons fait la même chose avec Ne m'abandonne pas, un film sur une jeune femme qui veut partir faire le djihad et que sa mère arrive à retenir.

Nous faisons aussi beaucoup en matière d'éducation aux médias. Par exemple, nos journalistes vont dans les classes expliquer comment on peut se faire piéger par une image, comment décoder certains sujets, comment être vigilant sur l'information véhiculée, par exemple, sur les réseaux sociaux. Nous avons également lancé un module sur Franceinfo : il s'agit d'interroger les gens dans la rue, de leur demander de réagir à telle photo, avant de leur expliquer qu'elle est truquée. Cela permet aux gens de réfléchir à ce qu'est l'information.

Le handicap est un sujet très important, à la fois à l'intérieur de l'entreprise – puisque nous avons signé, avec les organisations syndicales, un accord handicap pour l'emploi des personnes handicapées, et le recours à des entreprises qui emploient des personnes handicapées –, et en matière de diffusion, puisque nous travaillons sur l'accessibilité de nos programmes. Aujourd'hui, ils sont tous sous-titrés. Nous avons discuté avec les associations qui se plaignent que les sous-titres soient parfois de qualité inégale. On nous a notamment reproché la façon dont avait été sous-titré le dernier débat des candidats à la primaire des Républicains. Je précise qu'il est toujours difficile de sous-titrer les émissions en direct, à cause du décalage entre ce qui est dit et le sous-titre.

France Télévisions a dépassé les engagements pris dans le cadre du COM en matière d'audiodescription, puisque plus de 1 000 programmes sont audiodécrits.

Nous travaillons également sur la langue des signes. Sur Franceinfo, nous avons pris le double des engagements de LCI en la matière, puisque deux flashs d'informations sont en langue des signes. Les associations nous ont d'ailleurs demandé de les mettre en replay, ce qui est une bonne suggestion. À l'occasion de ce grand événement national qu'est l'élection présidentielle, nous souhaitons, pour élargir notre public, non pas travailler à la traduction d'un programme fabriqué par ceux qui entendent bien, mais avec des journalistes eux-mêmes sourds et qui travaillent en langue des signes.

Enfin, nous montrons des personnes handicapées qui peuvent être soit des héros de série, soit des acteurs, auteurs, réalisateurs – c'est le cas de la série Vestiaires –, sans oublier les Jeux paralympiques.

Je suis très vigilante à ce qu'il y ait diversité des origines et mixité. Vous avez pu le constater sur la chaîne Franceinfo. J'y travaille aussi en ce qui concerne l'antenne traditionnelle – je pense aux présentateurs du 20 heures par exemple – et je me suis engagée à la mixité totale s'agissant du recours aux expertes – nous sommes à 30 %, ce qui n'est pas suffisant. Nous progressons cependant en la matière grâce à un annuaire qui répertorie les expertes, parfois même celles habituées à s'exprimer à la télévision. Avec le Club XXIe siècle, nous avons constitué un autre annuaire, qui nous permet de solliciter rapidement des experts issus de diverses origines.

Depuis un an et demi, la chaîne France 4 a été repositionnée, s'adressant aux enfants jusqu'à l'âge de quatorze ans, et le soir à la famille. Nous sommes à environ 2 % de part de marché, et nous pouvons atteindre 12 % sur cette cible. C'est la première chaîne que regardent les enfants âgés de quatre à quatorze ans, avant et très souvent après l'école. Ce repositionnement a beaucoup fait progresser la chaîne en audience générale, et surtout en audience sur les enfants.

On s'est demandé s'il fallait ne la diffuser que sur internet. Comme tous les foyers n'ont pas accès à internet, il est nécessaire de garder une chaîne publique qui s'adresse à cette cible si importante que sont nos enfants. J'ajoute qu'il n'y a pas que Goldorak sur France 4. Par exemple, pour donner envie de lire aux enfants, la chaîne diffuse Yétili. Je vous recommande ce très joli programme, qui met en scène un yéti racontant des histoires.

Vous m'interrogez sur l'avenir des droits sportifs. Je pense que, à long terme, le montant de ces droits ne sera pas soutenable pour France Télévisions, étant donné l'économie qui est la sienne. Aujourd'hui, nous dépensons 150 millions d'euros en droits sportifs. Or le prix de certains droits a été multiplié par deux. Sommes-nous capables d'y consacrer 300 millions ? Non. Nous avons déjà dû abandonner la diffusion de certains sports. Les droits de diffusion du football sont beaucoup trop chers. Pour le moment, comme mes prédécesseurs, j'essaie de négocier des droits longs pour que mes successeurs ne se retrouvent pas sans aucune grande compétition sportive sur France Télévisions. Mais ce n'est pas simple. On peut très certainement légiférer. Si nous parvenons à protéger davantage d'événements, à exiger que certains d'entre eux soient retransmis en clair, les grands ayants droit internationaux seront obligés de négocier avec des chaînes locales en clair. Je crois qu'il est possible de ralentir la montée des eaux, si je puis dire, mais pas de l'arrêter.

Je suis très attachée à la culture scientifique, qui est une manière de se projeter positivement vers l'avenir. Nous diffusons des émissions scientifiques destinées au grand public, telles les émissions de médecine présentées par l'animateur préféré des Français, Michel Cymes. Depuis 2016, Le Monde de Jamy, qui est aussi un programme de vulgarisation des sciences, est diffusé en première partie de soirée sur France 3.

Depuis le mois de septembre, nous avons souhaité proposer sur France 5 un rendez-vous hebdomadaire, le mercredi, avec une case spécialement réservée aux sciences, en essayant de ne pas trop parler de médecine, car nous sommes déjà très présents sur ce créneau. Peut-être avez-vous regardé Solar Impulse, l'impossible tour du monde, un documentaire qui a été diffusé la semaine dernière. Pour le moment, nous achetons beaucoup de programmes existants. Deux productions françaises seront bientôt consacrées à des documentaires scientifiques.

On parle encore sciences dans l'émission quotidienne Le Magazine de la santé, qui est une forme de vulgarisation. Ce soir, sur France 5, sera diffusé Bâtir toujours plus haut, un documentaire consacré aux progrès scientifiques et technologiques réalisés en matière d'architecture.

M. Féron m'a interrogée sur l'exposition des jeunes talents. Chaque année, nous programmons 592 artistes francophones, soit 20 % de plus qu'en 2014. Soixante-seize jeunes talents sont parrainés et passent à la télévision pour promouvoir leur premier album. Tous les jours, après le 20 heures – moment où l'audience est considérable –, est diffusée Alcaline. Le monde de la musique nous demande de ne surtout pas toucher à cette case qui est un prescripteur essentiel pour les artistes. Je citerai aussi l'émission Prodiges, qui est un talent show autour de la musique classique et de la danse, et qui sera diffusée le 22 décembre en première partie de soirée sur France 2. Taratata a beaucoup de succès et permet d'élargir nos audiences à des cibles plus jeunes. C'est un programme assez équilibré en termes d'audience et plutôt représentatif de la population française.

Mme Nachury a évoqué l'agora des téléspectateurs. Nous souhaitons rencontrer ceux-ci – comme nous avons rencontré en interne l'ensemble des salariés –, à Paris, en province et en outremer, afin d'avoir un lien direct avec eux. Nous ne leur demandons pas leur avis sur tel ou tel programme, mais ce qu'ils attendent du service public, comment ils voient son évolution. Un dialogue assez riche s'instaure. Hier soir, par exemple, l'accent a été mis sur la façon dont on doit s'adresser aux jeunes. Ces rencontres nous confortent dans l'idée que nous devons y consacrer des moyens, à enveloppe constante. Leur parrain, Jean-Paul Delevoye, est le garant de la rigueur des débats : il est très attaché à cet engagement citoyen qui consiste à dire aux gens qu'ils sont acteurs de leur télévision publique. Nous publierons un livre qui reprendra tout ce qui aura été dit.

Au-delà, ce lien direct avec le public devrait également nous permettre de progresser en nous montrant les choses sous un angle différent, ce qui nous conduira à faire évoluer les programmes au fil du temps.

J'ai toujours considéré qu'il fallait mettre des moyens pour le service public, notamment en recourant à la publicité : l'argent n'a pas d'odeur ! Il serait ainsi possible, en réintroduisant une heure de publicité après vingt heures, de récupérer 100 millions d'euros, ce qui équivaut à 4 euros de redevance par foyer. Je précise que la publicité sur France Télévisions se pratique de manière raisonnée : elle est limitée dans le temps et elle ne viendra jamais couper une oeuvre – un point auquel les téléspectateurs sont très attachés.

Faut-il également une réforme de la redevance ? Certainement, mais elle n'est pas simple à mettre en oeuvre, car, si la redevance ne pèse pas lourd à côté des autres impôts des Français pour ce qui est de son montant, elle prend une part démesurée dans la discussion médiatique. Politiquement, c'est donc une décision compliquée. En tant que patronne de France Télévisions, je ne peux que vous inciter à mettre de l'argent dans l'audiovisuel public, en vous garantissant que vous ne serez pas déçus.

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