Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du 13 décembre 2016 à 9h30
Questions orales sans débat — Démographie médicale en zones rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

Madame la secrétaire d’État, deux mois, c’est le temps qu’il faut parfois attendre pour se faire soigner une molaire quand on habite dans le Saint-Quentinois. Pour une prise en charge similaire, on peut obtenir un rendez-vous en moins d’une semaine ici, à Paris. L’Aisne est de ce fait classée par le Conseil national de l’ordre des médecins parmi les départements à la plus faible densité médicale, avec pour 100 000 habitants 200 médecins contre 291 pour la densité moyenne nationale. Et pour ne rien arranger, entre 2007 et 2016, la population de l’Aisne a augmenté de 3,5 % tandis que le nombre de médecins actifs dans le département baissait de 7,6 %.

Comme vous pouvez le constater, le nombre de médecins demeure problématique pour certains territoires. La question n’est pas uniquement celle du numerus clausus, qui a doublé ces dix dernières années. L’enjeu est aussi celui de la répartition et du vieillissement de la population médicale. Dans le petit village rural de Lehaucourt, par exemple, le médecin de campagne qui a suivi parfois trois générations d’une même famille est parti à la retraite en laissant son cabinet vide, faute de repreneur. À l’échelle de la France, un médecin généraliste sur quatre prendra sa retraite dans les dix prochaines années ; en 2015, la moitié des généralistes avait entre 55 et 70 ans. Nous sommes donc clairement confrontés à un problème de non-compensation des départs à la retraite, qui se pose dès aujourd’hui et qui va perdurer.

En effet, c’est toute une génération de médecins qui part à la retraite sans avoir trouvé de remplaçant. La question qui se pose réellement est de savoir comment renouveler la médecine de proximité tout en respectant le souhait des nouveaux médecins de ne plus faire de l’exercice de leur profession un sacerdoce. Et ce phénomène touche non seulement le monde rural, mais aussi les villes moyennes, telles que Saint-Quentin, où un cabinet médical situé dans un ancien quartier industriel a fermé à la suite du départ en retraite de l’un des trois praticiens, laissant les deux autres dans l’embarras.

Je le concède, des dispositifs ont été mis en place, comme les zones de revitalisation rurale, mais celles-ci restent trop restreintes sur le plan géographique ; il conviendrait donc d’élargir leur périmètre. Il est temps également de songer à des mesures plus efficaces que l’incitation fiscale, telles que la revalorisation des actes, ou encore une aide apportée aux communautés de communes pour le regroupement de médecins dans des maisons médicales. Une telle approche a le mérite de respecter la liberté d’installation des futurs médecins tout en améliorant considérablement la répartition des professionnels sur l’ensemble du territoire.

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