Intervention de Jean-Pierre Door

Réunion du 6 décembre 2016 à 17h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Door :

J'ai beaucoup d'estime pour M. Delfraissy que j'ai le plaisir de connaître personnellement, notamment depuis qu'il a succédé au professeur Kazatchkine à la tête de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales en 2005, juste après que nous avons participé à la conférence des donateurs de Pékin au moment de l'épidémie de H5N1. Vous traversez, monsieur le professeur, les « tempêtes microbiennes », selon l'expression du sociologue Patrick Zylberman, qui hantent les pays occidentaux : le H5N1, le H1N1, Ebola, le virus du zika ou encore celui du sida et d'autres.

Le Comité consultatif national d'éthique a été créé il y a trente ans. Aujourd'hui encore, il est saisi de questions criantes qui divisent la société – et les « citoyens », puisque vous avez utilisé le terme. À l'origine, le Comité avait pour mission d'exprimer son avis sur les problèmes moraux que soulève la recherche scientifique, qu'ils concernent l'homme, des groupes sociaux ou la société tout entière. Or, depuis plusieurs années, les décideurs publics ont trop souvent la tentation de s'en remettre au choix des experts. Nos concitoyens s'intéressent pourtant à toutes ces questions et ne veulent plus qu'on leur impose des solutions dont ils n'auraient pas pu débattre directement. La consultation du public, la mise en oeuvre d'une réflexion partagée deviennent une nécessité pour que l'opinion comprenne et accepte les choix qui sont faits.

De ce point de vue, le débat sur la fin de vie est emblématique : à l'époque, nos collègues Jean Léonetti et Alain Claeys avaient su mettre de côté leurs convictions philosophiques pour effectuer un important travail de concertation. Ils ont trouvé un terrain de valeurs communes avec l'aide du CCNE, qui avait organisé un débat public, et rendu un rapport qui a éclairé la discussion parlementaire. Sur un sujet pourtant épineux, la proposition de loi de nos deux collègues a été adoptée à une très large majorité sans fracturer la société. Je regrette que la question du mariage homosexuel ou de l'adoption par les couples homosexuels n'ait pas fait l'objet de la même démarche avant la discussion du texte au Parlement. Je suis persuadé que si ces sujets avaient été préalablement débattus par le Comité, nous aurions évité bien des fractures et des erreurs.

Que pensez-vous de l'idée d'associer les citoyens au débat public ? De quels moyens disposerez-vous pour y aider ? Êtes-vous disposé à prendre un engagement dans ce sens ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion