Intervention de Christian Kert

Réunion du 7 décembre 2016 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Kert :

J'espère, madame la présidente, qu'il n'y aura pas surdose de compliments, mais force est de constater que nous tenons les uns et les autres à vous féliciter pour vos résultats.

Nos collègues ont déjà relevé quelques chiffres. Des progrès considérables ont été accomplis en termes d'audience : en trois ans, l'audience mondiale de France 24 a bondi de 22 %, celle de RFI de 16 % et celle de Monte Carlo Doualiya de 9 %. Les performances sont encore plus impressionnantes sur la toile, puisque le nombre de visites n'a plus rien à voir avec le niveau de 2012, quand vous avez pris vos fonctions : augmentation de 51 % pour France 24 et de 94 % pour RFI. Bien sûr, en quatre ans, les usages ont changé, mais, s'il reste beaucoup à accomplir, vous avez su faire du virage numérique une occasion majeure pour le groupe.

Votre présidence est également marquée par un cadre budgétaire sain, puisque, depuis plusieurs années, vous présentez des budgets à l'équilibre, malgré un manque à gagner substantiel de plusieurs dizaines de milliers d'euros sur la période du COM actuel, et c'est certainement grâce à la gestion très rationalisée dont vous avez fait preuve en matière de charges de personnel et d'exploitation. On ne peut que vous féliciter d'avoir survécu à cet effet-ciseau sans hypothéquer la capacité de développement du groupe.

Toutefois, on est en droit se demander si la tutelle vous donne vraiment les moyens de l'ambition qu'affiche le COM 2016-2020 et que nous encourageons tous. On ne connaît pas encore l'impact chiffré de l'annulation de l'augmentation de 1 euro de la contribution à l'audiovisuel public (CAP). Le montage financier sera indolore en 2017, mais peut-être pas à terme, ce qui hypothèque l'ensemble des COM des opérateurs, dont celui de FMM. Or la ministre de la culture, Mme Audrey Azoulay, l'a bien redit lors des débats sur le projet de loi de finances : la hausse de la redevance devait servir à financer les projets de l'ensemble des opérateurs, notamment le lancement, à l'automne 2017, de la version hispanophone de France 24, basée à Bogota. C'est d'ailleurs en ce sens que la dotation de FMM enregistre une hausse de 7,5 millions d'euros par rapport à 2016, conformément au projet de COM 2016-2020. Avez-vous pu évoquer la sincérité de votre projet de COM avec la tutelle ?

En outre, France Médias Monde participe à la chaîne d'information publique qui vient d'être créée et fait partie du comité de pilotage depuis le début, ce qui est parfaitement légitime étant donné le niveau de sa participation : journaux et duplex quotidiens, reprise du signal de France 24 entre minuit et six heures du matin et production de contenus spécifiques pour la nouvelle chaîne. Votre projet de COM affirme que cela ne pèsera pas sur le budget de la chaîne et ne se fera pas au détriment des missions internationales du groupe. Selon le rapport budgétaire de notre collègue Michel Pouzol, cette participation signifie un coût additionnel de 300 000 euros dès 2017 et 1 million annuel en rythme de croisière, ainsi que, si j'ai bien compris, la mobilisation de 9 emplois. Il s'agirait de nouveaux coûts bruts et non de charges existantes : est-ce soutenable, et votre implication dans la chaîne publique d'information ne comporte-t-elle pas un risque de dérapage ?

En ce qui concerne la stratégie numérique du groupe, dont la consolidation était au coeur de l'actuel COM, vous mentionnez la nécessité à la fois de contrôler les réseaux sociaux, pour éviter les débordements, et de monétiser certains contenus. On sait que la monétisation des contenus fait l'objet de diverses réflexions chez tous les opérateurs de l'audiovisuel public : l'INA s'est doté d'une plateforme payante, Radio France a renoncé à commercialiser les podcasts, France Télévisions réfléchit au lancement d'une plateforme vidéo avec certains contenus payants... Qu'envisagez-vous pour France Médias Monde, qui dépend, il est vrai, à 95 % de la ressource publique et souhaite légitimement doper ses ressources propres ?

Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement et le calendrier de lancement du portail d'information à destination des migrants que vous développez avec l'Allemagne et l'Italie grâce au financement de l'Union européenne ? Notre commission mérite d'être éclairée sur ce projet qui s'inscrit parfaitement dans votre action en faveur d'un internet citoyen.

Enfin, d'après votre expérience, quelle est l'attente de langue française dans le monde ?

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