Intervention de Bernard Cazeneuve

Séance en hémicycle du 14 décembre 2016 à 15h00
Questions au gouvernement — Situation à alep

Bernard Cazeneuve, Premier ministre :

Monsieur le député, je veux d’abord vous féliciter pour votre élection à la tête du groupe socialiste, écologiste et républicain et remercier, à travers vous, l’ensemble des parlementaires qui, hier, m’ont accordé leur confiance.

À l’occasion de ma déclaration de politique générale, et au tout début de mon propos, j’ai évoqué la situation à Alep. La priorité de la France est très claire et a été exprimée à plusieurs reprises par le Président de la République et le chef de notre diplomatie, Jean-Marc Ayrault : il faut impérativement arrêter les massacres contre les populations qui sont prises au piège d’Alep, dans les conditions tragiques que vous avez évoquées. Nous n’acceptons pas que les bombardements et les combats puissent atteindre un tel niveau de barbarie.

Une guerre totale, oui, a été déclarée par le régime de Bachar Al-Assad, avec le soutien de la Russie, contre son propre peuple. La destruction délibérée d’hôpitaux, d’établissements scolaires, le ciblage déterminé de populations civiles, de familles, d’enfants, constitue ce qu’il faut appeler des crimes de guerre. Face à cela, vous avez eu raison de le dire, il y a une urgence humanitaire.

La Russie, qui est un grand pays – du fait de son histoire, de sa culture, de sa place dans le monde – doit enfin prendre ses responsabilités de grande puissance. Elle doit provoquer et respecter l’arrêt complet des bombardements, garantir un accès humanitaire qui permette l’évacuation des populations civiles. Elle l’a annoncé hier, à la suite de l’accord entre le régime et les groupes armés qu’elle a coparrainé avec la Turquie hier, mais dont on voit aujourd’hui la difficulté de la mise en oeuvre sur le terrain.

Il faut aussi que les crimes du régime, qui utilise des armes chimiques contre son peuple, crimes mis au jour de manière indiscutable par la mission d’enquête conjointe de l’ONU, soient non seulement dénoncés, mais aussi – c’est une question d’honneur, de morale devant l’humanité – poursuivis farouchement devant la justice internationale. Il ne peut y avoir, monsieur le député, d’impunité pour les criminels de guerre en Syrie.

La situation à Alep est une véritable injure faite à l’humanité et une raison de mobilisation pour tous les humanistes. Elle est inacceptable. C’est la raison pour laquelle le Président de la République a reçu lundi les représentants de l’opposition modérée, ainsi que les dirigeants des organisations humanitaires qui travaillent encore à Alep ou dans d’autres villes assiégées. C’est pourquoi le ministre des affaires étrangères a réuni, le 10 décembre à Paris, les membres du groupe des pays affinitaires qui souhaitent que soit trouvée une solution politique en Syrie.

C’est, enfin, la raison pour laquelle la France a demandé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies hier. À cette occasion, nous avons demandé l’évacuation de la ville, sous observation internationale et en présence des organisations humanitaires. Nous continuerons d’agir, sans trêve ni pause, pour qu’une aide et une protection immédiates, sans conditions, soient apportées aux habitants de la partie est d’Alep, sans discrimination et conformément au droit humanitaire international.

Ceux qui prétendent qu’il n’y a, pour la paix en Syrie, que le choix entre Bachar Al-Assad et Daech commettent, monsieur le député, une triple erreur : une erreur politique, une erreur stratégique, mais surtout une erreur morale.

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