… Se pose également la question de la réalisation concrète d'un raid nucléaire à partir du porte-avions. Quand on constate le degré de complexité d'une telle opération menée à partir de la terre par les forces aériennes stratégiques et les moyens considérables qui doivent être mis en oeuvre, on peut s'interroger sur l'opportunité de maintenir cette composante hybride à l'avenir, d'autant qu'elle impose des contraintes très lourdes. En effet, un porte-avions qui embarque l'arme nucléaire est un bâtiment conçu et construit spécialement pour cela, avec notamment des problèmes de réduction des capacités de transport pour les munitions conventionnelles en particulier, ce qui réduit les capacités de frappe des avions de chasse.
Ce sont des sujets qu'on ne peut ignorer et cela amène à réfléchir à une question que j'ai déjà évoquée au sein de cette commission : quid de la perspective de disposer, dans un délai relativement court, de missiles mer-sol dotés des capacités d'emport et de l'allonge nécessaires pour avoir, depuis la mer, une capacité de frappe susceptible de remplacer la composante nucléaire aéronavale actuellement présente sur le porte-avions ? Compte tenu des contraintes qui existent et des perspectives d'avenir au niveau industriel, nous devons aborder ce débat. On m'opposera peut-être le fait qu'il ne nous revient pas à nous, parlementaires, de prendre une telle décision, qu'elle relève de l'exécutif, mais j'estime que c'est notre rôle d'avoir une réflexion à ce sujet.