Intervention de François de Rugy

Réunion du 14 décembre 2016 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois de Rugy :

Merci pour cet exposé. Vous avez répété à plusieurs reprises que nous n'aviez pas remis en cause la pertinence de la dissuasion nucléaire. Je le comprends puisque telle n'était pas la commande de départ. Mais manifestement, vous n'avez pas non plus étudié la pertinence du maintien de deux composantes. Il s'agit d'un débat récurrent, que nous avons également eu au sein de cette commission. Je me souviens de l'audition de l'ambassadeur du Royaume-Uni, pays qui a abandonné la composante aéroportée.

Au cours des différents entretiens que vous avez pu mener, que ce soit avec les autorités politiques, le ministère de la Défense, les états-majors, les industriels, quid de la réflexion prospective à cinq, dix ou quinze ans ? Vous avez évoqué plusieurs pays, très variés dans leur configuration : la Chine, la Russie, l'Inde – qui développe sa composante sous-marine –, qui sont des puissances nucléaires installées ; la Corée du Nord, qui essaie d'accéder à ce statut. Vous avez même évoqué l'Iran, « au seuil » du statut de puissance nucléaire, ce qui est inquiétant puisque théoriquement, un accord international prévoit que ce pays cesse toute recherche et tout investissement dans le domaine nucléaire militaire...

Vous avez évidemment bien fait de rappeler les évolutions du contexte stratégique, mais nous devons aussi nous attacher à la réflexion prospective, financière, qui nous ramène aux enjeux technologiques et industriels. Il y a un vrai enjeu pour le budget de la France, qui est seule en Europe à porter de tels investissements. Avez-vous eu des échanges, même connexes, à ce sujet ?

Par ailleurs, je me permets une petite remarque à la suite de ce que notre collègue Jacques Lamblin a déclaré. Vous avez affirmé en substance, si j'ai bien noté, qu'il est difficile de quantifier les bénéfices économiques de la dissuasion, mais que son intérêt économique est évident ! Il est un peu gênant d'avoir des raisonnements économiques de ce type. Que l'on soit un opposant ou un défenseur à la dissuasion nucléaire – du point de vue philosophique et éthique jusqu'à l'intérêt militaire et stratégique –, je crois qu'il ne faut pas trop s'engager dans ce domaine, sauf à disposer d'études concrètes et quantifiées sur les retombées économiques et notamment civiles. D'une manière générale les retombées civiles de technologies initialement militaires sont toujours sujettes à caution, et à plus forte raison en ce qui concerne une industrie aussi spécialisée que celle de la dissuasion.

Une dernière question sur le risque de source d'approvisionnement unique pour l'uranium. Vous avez évoqué le Niger, y a-t-il d'autres perspectives d'approvisionnement que ce pays ?

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