La diffamation est passible de prison, et les dispositions relatives à cette infraction ont encore été durcies récemment, notamment en ce qui concerne la diffamation sur internet. Nous appelons évidemment à la dépénalisation de la diffamation, étant toutefois précisé que les persécutions pénales contre les journalistes empruntent rarement la voie des poursuites judiciaires telles que nous pouvons les connaître, mais plus souvent la forme de procès montés de toutes pièces sur la base de charges fantaisistes – celles de hooliganisme et de détention de drogue étant les plus fréquemment invoquées.
Je n'ai pas de données précises en tête au sujet de la presse et du nombre de journalistes en Azerbaïdjan, mais nous allons faire des recherches et vous transmettrons ces renseignements dès que possible. Si la population azerbaïdjanaise est bien plus réduite que celle de la Turquie, par exemple, on compte tout de même plusieurs milliers de journalistes en Azerbaïdjan, dont les journalistes indépendants et d'opposition forment la portion congrue.
Bien avant 2013, les journalistes étaient déjà soumis à de très fortes incitations à ne pas être trop critiques. Ainsi existe-t-il en Azerbaïdjan un système d'attribution de logements aux journalistes, hérité de l'époque soviétique, dont sont exclus ceux qui refusent de se plier aux exigences des autorités – des barres d'immeubles entières, appartenant à l'État, sont ainsi réservées aux journalistes faisant preuve de loyauté à l'égard du pouvoir. Avant que la répression ne se durcisse il y a quelques années, la corruption était un moyen très employé : plutôt que de punir les récalcitrants, il s'agissait de récompenser ceux qui acceptaient de se taire. Pour toutes ces raisons, les journalistes d'opposition sont aujourd'hui très peu nombreux, et leur sentiment d'isolement d'autant plus grand que les autorités ont réussi à instaurer un climat de méfiance généralisée : le journalisme est une profession divisée, où la solidarité professionnelle existe peu. Il existe un conseil de la presse ayant théoriquement vocation à défendre les journalistes et à trancher les questions de diffamation en dehors du système pénal, mais, dans les faits, ce n'est qu'un organe de contrôle et de pression aux mains du pouvoir.
La presse étrangère est peu présente en Azerbaïdjan : on n'y compte que quelques rares correspondants permanents, appartenant aux plus grandes agences de presse internationales, telle l'AFP – ici aussi, on perçoit les effets de la crise de la presse.