Je veux remercier le rapporteur pour la qualité de son travail.
Nous ne pouvons qu'être favorables à la sanction des abus et à l'accroissement de la transparence à travers la création du Comité national d'éthique des abattoirs. Au-delà de l'émotion, les images qui ont été diffusées ont mis chacun face à ses responsabilités. Je veux cependant faire un plaidoyer en faveur de la filière de l'élevage, qui subit aujourd'hui les aléas des marchés. Nous avons déjà donné les moyens de traiter d'une manière beaucoup plus sévère les cas de maltraitance en soutenant l'amendement du Gouvernement lors de l'examen de la loi Sapin II.
Cependant, je suis défavorable à une mesure que je considère à la limite du dérapage, puisqu'elle vise à transformer les parlementaires en procureurs en leur permettant de visiter, accompagnés de journalistes dits d'investigation, les abattoirs, y compris les abattoirs privés – car je ne vois pas comment une telle mesure pourrait s'appliquer aux abattoirs publics et pas aux abattoirs privés. Cette disposition poserait de graves problèmes en matière de respect du droit : cela s'appelle une perquisition et relève quasiment du domaine judiciaire.
De nombreux abattoirs de proximité ont disparu pour des raisons normatives. Nous devons nous battre si nous voulons des filières de proximité – c'est l'inverse qui a été fait depuis des années –, à moins que nous ne préférions faire abattre les animaux en Allemagne. Pour ma part, j'ai la chance d'avoir encore un abattoir municipal dans ma commune, et je mets en place des filières de proximité à travers le boeuf de Beaune, qui permettent de valoriser l'élevage, d'assurer la traçabilité et d'avoir des produits de qualité. L'adoption de contraintes supplémentaires empêcherait à terme la modernisation des équipements. Nous risquerions alors de nous retrouver face à des monstres d'abattoirs dont nous voyons quelquefois les effets pervers. S'il y a parfois des abus en termes de maltraitance des animaux, c'est parce que les abattoirs n'emploient pas forcément des salariés spécialisés et, comme cela a été souligné tout à l'heure, il y a de moins en moins de candidats potentiels.
Pour le reste, ne tapons pas sur tout le monde et montrons que l'on peut avoir, dans les abattoirs, une démarche de qualité sans faire souffrir les animaux.