Intervention de Thierry Philipponnat

Réunion du 5 février 2013 à 12h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Thierry Philipponnat, secrétaire général de Finance Watch :

Pour avoir travaillé pendant vingt ans dans une salle de marché, je peux vous assurer que la différence entre les deux est ténue.

Nous savons tous que JP Morgan vient de perdre 6 milliards de dollars en raison de placements effectués par un de ses traders, surnommé la « baleine de Londres ». Or le bureau chargé de ce trading pour la banque avait pour mission de « réinvestir » les dépôts non utilisés de la clientèle. C'est une illustration parfaite de la tendance des banques universelles à s'amuser un peu avec ses excédents de dépôts. Ayant eu l'occasion de débattre au sein du Parlement européen avec John Vickers et Paul Volcker, j'ai demandé à ce dernier si une telle affaire aurait pu survenir dans le cas où la Volcker Rule, qui vise à interdire le trading pour compte propre, aurait été applicable. Aux États-Unis, les experts jugeant cela possible sont en effet aussi nombreux que ceux d'un avis contraire. M. Volcker, lui, a souri et a répondu : « Vous savez, tout est possible avec les juristes. » Ce qu'il voulait dire, c'est que dans la réalité, tant que l'on permettra à une banque d'exercer certaines activités, elle prendra des risques. C'est pourquoi nous ne devons pas financer de telles activités avec les dépôts.

M. Woerth estime que nous ne devons pas être les premiers à agir, au risque de mettre nos banques en difficulté. Mais je ne suis pas convaincu qu'une organisation destinée à protéger la société soit susceptible d'entraîner des difficultés.

Je n'irai pas aussi loin qu'Éric Alauzet : certaines des mesures proposées tendent à limiter la possibilité pour une maison-mère de soutenir une filiale, même si elles restent insuffisantes à nos yeux : les augmentations de capital doivent être contrôlées, et les apports de la mère à la fille, interdits, sans quoi l'avantage de la protection de l'État serait de facto transféré à la filiale.

Enfin, s'agissant du reporting des activités bancaires, il est certain qu'il se heurterait avant tout aux spécificités locales en matière fiscale. Mais le jour où on réalisera qu'une banque parvient à réaliser 2 milliards d'euros de profits dans une juridiction où elle ne compte que quatre employés, on commencera à se poser des questions.

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