Merci, madame la ministre, pour vos propos, qui témoignent des progrès accomplis mais également, avec lucidité, de ce qui reste encore à faire pour que l'on cesse de se demander où sont les femmes dans le monde de la culture, à quelles places on les trouve, et avec quels financements.
Dans ce domaine comme ailleurs, les procédures de sélection, lorsqu'il s'agit de pourvoir un poste, doivent respecter la parité, et on ne peut plus admettre que certains prétendent que, si les femmes sont absentes, c'est qu'il n'y a pas de vivier où les recruter. Les femmes sont là, il faut simplement qu'elles puissent émerger et trouver leur place, une place positive ; c'est à cela que nous nous attelons. Nous avons, pour cela, fait voter plusieurs lois. Encore faut-il qu'elles soient réellement appliquées.
Cela m'amène à l'objet de notre première table ronde, plus particulièrement centrée sur la représentation des femmes, puisqu'elle s'intitule : « L'image des femmes dans l'audiovisuel et la publicité : quelles actions mises en oeuvre et quelles voies de progrès ? »
Il se trouve que j'ai défendu à l'Assemblée un amendement qui entendait rendre les jeux vidéo sexistes inéligibles au crédit d'impôt en faveur des entreprises de jeux vidéo (CIJV). Certains m'ont alors reproché de prendre ces jeux pour cible, alors que les moeurs étaient identiques dans la publicité, les vidéos ou à la télévision. Certes, mais il se trouve que le texte examiné portait sur les jeux vidéo, sur lesquels nous aurons, d'ailleurs, l'occasion de revenir.
Pour l'heure, nous allons ouvrir cette première table ronde avec Sylvie Pierre-Brossolette, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), au sein duquel elle préside le groupe de travail « Droits des femmes ».
Chère Sylvie, vous agissez contre le sexisme, en vertu notamment de la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui renforce les pouvoirs de contrôle du CSA en matière de respect des droits des femmes et suite à laquelle vous avez adopté, le 4 février 2015, une délibération relative au respect des droits des femmes par les sociétés de télévision et de radio.
Le CSA a également publié plusieurs études sur la question, ainsi que des décisions qui, malheureusement, semblent se multiplier, preuve que les dérapages et les atteintes à l'image et aux droits des femmes sont toujours monnaie courante dans les médias. Vous avez notamment rappelé à l'ordre plusieurs journalistes sportifs ayant tenu des propos déplacés lors des derniers Jeux olympiques. C'était votre seconde mise en garde après le Jeux olympiques de Sotchi : que peut-on faire contre ces récidivistes ?
Nous attendons évidemment beaucoup de vous, car les médias génèrent un grand nombre d'abus, y compris dans les réactions des téléspectateurs – je pense en particulier à cette émission où l'on a vu un animateur embrasser une jeune femme sur la poitrine alors qu'elle avait dit non : certains n'ont pas hésité à dire qu'elle n'avait pas à s'en plaindre compte tenu de la façon dont elle était habillée… Mais quand une femme dit non, c'est non ! Notre société doit le comprendre, comme elle doit comprendre que ce n'est pas une question de vêtements.
Dans le même ordre d'idées, j'ai été extrêmement choquée par une vidéo dans laquelle l'animateur d'une radio très écoutée des jeunes montrait comment il s'y prenait pour embrasser une fille malgré elle. La scène se déroulait dans des toilettes – comment se peut-il déjà qu'il se soit trouvé dans les toilettes des femmes ? –, où l'animateur insistait de façon pressante pour embrasser la jeune fille qui se lavait les mains à côtés de lui. Sans doute pour se débarrasser de lui, elle finissait par lui tendre la joue ; c'est alors qu'il l'a saisie par les cheveux et l'a embrassée à deux reprises sur la bouche. Cette vidéo est d'autant plus scandaleuse et révulsante que les jeunes qui vont la visionner y verront un exemple à suivre, et je ne peux qu'être très en colère quand je vois ainsi mis à mal tous les efforts que nous faisons pour transmettre aux filles et aux garçons le sens de l'égalité et du respect de l'autre.