Intervention de Valérie Masson-Delmotte

Réunion du 29 novembre 2016 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Valérie Masson-Delmotte :

Je vous remercie de cette présentation qui montre l'avancement de la réflexion avec un certain nombre de pistes qui répondent, pour moi, à des attentes que je ressentais, compte tenu de la situation que j'ai connu au Danemark ou en Suisse, avec des instances de ce type qui n'existent pas en France.

J'ai trois commentaires à vous présenter.

Premièrement, la question du plagiat. Il me semble essentiel qu'on apprenne aux élèves, dès le secondaire et dans le supérieur, à ne pas plagier. Une manière de faire, c'est de doter les enseignants de logiciels anti-plagiat qui permettent de repérer facilement les copies mot à mot de morceaux entiers de sources diverses et variées ; personnellement, je les utilise comme relecteur (reviewer) et comme éditeur. Je vois un nombre hallucinant de rapports, y compris au niveau du master 2 (M2), où des pans entiers sont copiés. Après, pour les étudiants qui arrivent en thèse, ils considèrent cela comme normal. Il faut donc que ce soit traité très en amont.

Deuxièmement, aujourd'hui notre système de publication scientifique commercial se répand. Donc, je l'ai vu à plusieurs reprises, n'importe quel article scientifique, même mauvais, avec des failles, finit par être publié pour un peu que les auteurs soient persévérants et aient les moyens de payer. Comment lutter contre cela ? C'est une question de fond et il me semble que si on ne l'aborde pas, l'ensemble de la rigueur scientifique en pâtira.

Troisièmement, à mon sens, le seul moyen d'améliorer la rigueur des publications scientifiques est la transparence sur le nom des éditeurs, le nom des reviewers, le processus de relecture.

Je partage les réserves exprimées pour Nature et Science et je voulais signaler les initiatives qui ont été prises par la société européenne de géosciences (EGU),qui est éditrice d'un certain nombre de journaux pour lesquels tout est transparent. L'article initial est en ligne ainsi que les commentaires des reviewers, les réponses et l'article accepté dans la version finale. Je pense que c'est avec des approches de ce type que l'on peut augmenter le niveau de rigueur.

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