C'est un excellent travail qu'a fait le Pr Pierre Corvol, c'est un travail absolument monumental.
J'ai une ou deux questions. Je pense qu'il faut distinguer entre fraude et mauvaise interprétation, car on a tendance maintenant à les confondre. Par ailleurs, il faudrait s'attaquer un peu plus à la source. Les méthodes d'évaluation, dans le public comme dans le privé, reposent sur le nombre de publications. En France, même les enseignants sont évalués en fonction du nombre de publications qu'ils réalisent.
Des travaux ont été faits aux États-Unis. Un article est récemment paru dans Nature ou dans Science où sont énumérés quatre ou cinq critères équivalents pour évaluer quelqu'un : les publications, les contrats et la façon de les obtenir, le comportement, l'éducation vis-à-vis des étudiants, les compétences en ce qui concerne le management des équipes, les activités administratives, etc.
Ces critères sont pris en compte pour évaluer toutes les personnes candidates à des tenures aux États-Unis, ce qui n'est pas du tout le cas en France.
Je m'étais déjà insurgé, en 2014, lorsqu'on a commencé à dire que les étudiants sont les premiers responsables. Il faut faire attention à ce que l'on fait, et je rejoins mes collègues, car si l'on continue ainsi, plus aucun étudiant ne voudra faire de la recherche. Il faut être très prudent.
Il faut dire aussi que les étudiants veulent plaire au prince : Messieurs les députés, Messieurs les sénateurs, vous avez autour de vous beaucoup de personnes qui veulent vous plaire et qui font tout ce que vous voulez. C'est la même chose dans les équipes de recherche. Si certains étudiants ne plaisent pas au prince, cela revient à retourner dans les bidonvilles de New Dehli, de Shanghai ou au fin fond d'une province française ou européenne.
Il faut donc tenir compte de tous ces critères.