Intervention de Antoine Petit

Réunion du 29 novembre 2016 à 18h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Antoine Petit :

Deux remarques rapides,. La première sur la SNR est un peu iconoclaste. Pourquoi cela n'intéresse-t-il pas les chercheurs ? Parce que je vous mets au défi de trouver quelque chose qui n'est pas dans la SNR. Donc, à partir du moment où tout sujet est dans la SNR, les chercheurs se disent : « Très bien, mon sujet est dans la SNR, cela me va bien » et, pour le reste, passons à autre chose. Tant que nous ne serons pas capables d'effectuer de vrais choix, vous aurez cette réaction de la Communauté scientifique.

En ce qui concerne les vrais choix dont celui de l'intelligence artificielle, je n'adhère pas totalement à ce qu'a dit Gérard Roucairol, même si j'ai le plus profond respect pour ce qu'il dit de façon générale.

Il faut s'interroger sur le fait que l'intelligence artificielle est aujourd'hui source de nombreuses réflexions dans divers pays et de succès spectaculaires pour lesquels il n'y a jamais eu l'équivalent. Cela constitue un enjeu industriel et économique majeur et pose des questions d'éthique et d'intégrité qu'il faut traiter.

D'un autre côté, je pense qu'il serait souhaitable que la France ne se contente pas d'être championne du monde de l'intelligence artificielle sur les questions d'éthique et d'intégrité, laissant aux autres – les Américains, les Japonais, les Coréens – le soin de faire de l'argent, des affaires, de créer des emplois et de la valeur.

Sur le sujet del'apprentissage artificiel, j'emploie ce mot parce qu'il est précis, il faudra examiner des questions bien avant qu'elles ne se posent, ce qui, malheureusement, n'a pas été souvent le cas en informatique jusqu'à maintenant.

Je prends un exemple très simple : les questions de responsabilité et les questions de législation. À l'heure actuelle, des constructeurs prévoient de faire rouler des voitures avec des systèmes de reconnaissance d'images fondées sur des réseaux de neurones. Cela produit des choses étonnantes. On a tout de même un petit problème : on ne comprend pas comment cela fonctionne et on n'a pas d'idée sur la manière de qualifier les résultats. Cela pose donc le problème assez sérieux d'avoir à donner le permis de conduire à une voiture conduite par un programme qui, en plus, va changer sans arrêt. Non seulement le programme va apprendre sans arrêt, mais les constructeurs ont l'intention de changer le logiciel de ce programme sans arrêt. Donc, la notion de permis de conduire et d'identification du responsable en cas d'accident doit être traitée avant que les problèmes ne se manifestent dans la rue. Il faut au moins les étudier parce que les traiter n'est pas simple.

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