Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Je souhaite à présent la bienvenue à M. Jean-Pierre Lacroix, directeur des Nations unies au ministère des affaires étrangères et du développement international. Il est accompagné de M. Jean-François Calvez, conseiller militaire.

Nous avons, avec François Loncle et Philippe Cochet, conduit il y a quelques semaines la traditionnelle délégation annuelle de notre commission aux Nations unies, où nous avons pu constater que notre pays était très engagé et très écouté au sein du Conseil de sécurité sur des sujets majeurs comme la lutte contre le terrorisme, qui prend une place grandissante dans l'agenda, la question des migrations, avec l'organisation de deux sommets, ou encore le développement durable, avec la mise en oeuvre de l'accord de Paris, et bien entendu les crises.

Votre propos, monsieur Lacroix, portera essentiellement sur les crises au Proche et au Moyen-Orient, et d'abord sur la Syrie, où la situation humanitaire empire chaque jour, tandis que notre impuissance à secourir la population fait face aux progrès des forces gouvernementales appuyées par les Russes dans la partie est d'Alep. Sur ce plan, il semble que nous assistions à un blocage au Conseil de sécurité, en tout cas depuis le dernier veto russe au projet de résolution franco-espagnol du 8 octobre dernier. Une dizaine de villes restent par ailleurs assiégées. Que peut-on encore espérer, sinon parvenir à acheminer de l'aide humanitaire vers les populations civiles qui vivent une véritable tragédie ?

En Irak, l'armée progresse vers Mossoul où la situation humanitaire est également très alarmante. Plus de trois millions de civils ont quitté leur foyer, tandis que trois autres millions se trouvent dans des zones contrôlées par Daech.

En Libye, Daech recule mais l'accord politique interlibyen n'est toujours pas mis en oeuvre, chaque partie campant manifestement sur des positions figées.

En ce qui concerne le Yémen, comment analysez-vous la situation ? Là-bas aussi, les hostilités se poursuivent et la situation humanitaire est très dégradée ; Ryad intensifie ses frappes et la menace terroriste, incarnée par une filiale d'Al-Qaïda, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), mais également par Daech, progresse également. Quant au plan de paix présenté par l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, il a été rejeté par le président Hadi et par les Houthis.

Enfin, le processus de paix au Proche-Orient est toujours dans l'impasse. Que pensez-vous des chances de voir aboutir l'initiative de paix portée par Pierre Vimont ? Après beaucoup de déconvenues, peut-on encore espérer quelque chose du président Obama ?

Le dernier point sur lequel nous souhaiterions vous entendre est l'évolution interne des Nations unies. Nous y sommes influents, mais nous avons eu le sentiment que la Chine surtout, dont le représentant permanent nous a fait forte impression, y étendait fortement son influence. Elle investit beaucoup dans le maintien de la paix et se considère comme un pivot du Conseil du sécurité. Se pose également la question de l'attitude qu'adoptera M. Trump, au-delà de la méfiance de principe qu'il a manifestée jusqu'ici à l'égard de l'institution.

Dans ce tableau très sombre, je trouve néanmoins une petite lueur de réconfort dans l'élection du prochain secrétaire général, António Guterres, que nous connaissons bien et dont les positions sont proches des positions françaises et européennes, ce qui est peut-être une chance de voir avancer certains des dossiers que nous allons évoquer ensemble.

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