Intervention de Jacques Myard

Réunion du 30 novembre 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Monsieur le directeur, cher collègue, vous savez ce que l'on dit au Quai d'Orsay de la diplomatie du multilatéral : que c'est la diplomatie des paresseux ! Ce n'est pas la paresse de nos diplomates qui est ici visée, mais la longueur des processus et le fait que les « coups » sont parfois téléphonés, ce qui demande un travail de coordination avec des forces multiples et variées.

Cela étant, vous avez parlé à juste titre de notre capacité d'entraînement et de notre statut. À ce propos, où en est-on des billevesées sempiternelles concernant l'abandon par la France de son siège de membre permanent du Conseil de Sécurité au profit de l'Union européenne, qui constituerait à mon avis un non-sens complet ?

En ce qui concerne les contributions, vous avez raison de dire que notre capacité à financer certains organismes nous donne une influence sur eux : d'une manière ou d'une autre, qui paie commande. Mais – je l'ai déjà dit au ministre des affaires étrangères – nous consacrons beaucoup d'argent au multilatéral au niveau européen, et il serait bon que nous puissions en rapatrier un peu pour agir directement avec nos propres moyens. Je songe au service diplomatique européen, lui aussi un non-sens, qui fait doublon avec les diplomaties nationales et nous coûte 20 % de son budget total de 800 millions d'euros, soit 160 millions.

S'agissant du Rwanda, je suis tout à fait scandalisé des agissements de M. Kagame, qui relèvent de la Cour pénale internationale. Va-t-on donc entreprendre une action multilatérale pour contrer cet individu peu recommandable qui a du sang sur les mains ?

En ce qui concerne la Syrie, que cherche-t-on exactement ? La paix ? Il y en a un qui doit partir, nous dit-on ; mais s'il fallait faire la liste de tous les criminels de guerre sur la planète, elle serait longue, et on y trouverait même d'anciens Présidents de la République française ! Aux termes de la convention portant statut de la CPI, certaines frappes qui ont eu lieu en ex-Yougoslavie en relèvent, et nos officiers pourraient être poursuivis à ce titre ; c'est pour cette raison que nous avions émis des réserves concernant l'article 8 du statut. On dit aussi que des civils meurent, et c'est vrai ; mais la batterie de Caesar, à Mossoul, fait-elle la différence entre les combattants de Daech et les civils ? Et ce sont nos armements ! Soyons donc cohérents – ce n'est pas à vous que je m'adresse, monsieur le directeur, mais à tout le monde ici. Quand les Américains ont débarqué, la propagande de Vichy ne les accusait-elle pas de tuer des civils ? Ne nous prenons pas les pieds dans le tapis avec un double langage !

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