Intervention de Jean de Gliniasty

Réunion du 15 décembre 2016 à 10h00
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS :

Après la chute de l'Union soviétique, les Américains – comme les Européens – étaient convaincus des opportunités qui existaient dans les nouveaux pays qui, selon eux, ne demandaient qu'à accéder à la démocratie. C'est l'époque où l'Azerbaïdjan est entré au Conseil de l'Europe. Cet enthousiasme collectif est l'un des grands malentendus de la chute de l'URSS : nous avons pris pour la fin de l'empire ce que les Russes eux-mêmes ne considèrent que comme un affaiblissement momentané.

Aujourd'hui, les États-Unis sont dans une phase de repli très relatif : leur puissance est telle qu'ils exercent un poids intrinsèque considérable. Cela étant, il se produit actuellement en Asie centrale une contre-offensive russe qui, peu à peu, en expulse les Américains en s'appuyant sur la Chine. L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est un instrument extrêmement puissant, la Russie et la Chine s'y partageant les compétences – à la première les questions de sécurité, à la seconde les implantations économiques. Cette situation est naturellement appelée à changer mais, à ce stade, les deux pays sont d'accord pour expulser les Américains de la région. Ils se sont d'ailleurs opposés à la demande des États-Unis de participer à l'OCS en tant qu'observateur, alors qu'ils ont accepté l'adhésion de l'Inde et du Pakistan. Autrement dit, la Russie et la Chine réorganisent l'Asie centrale en l'absence des États-Unis et de l'Europe.

La situation est quelque peu différente dans le Caucase, où les Russes reprochent aux Américains d'avoir d'abord favorisé une déstabilisation islamiste. Ils ont notamment vu la main des États-Unis dans les maquis « wahhabites » – une appellation qui, dans la presse russe, désigne tout mouvement islamiste. Cependant, je ne crois pas que les Américains aient joué un rôle dans la déstabilisation de la région.

Dès lors que l'Azerbaïdjan sait naviguer habilement entre les lignes rouges des uns et des autres tout en développant sa propre autonomie, la présence commerciale et pétrolière des États-Unis ne gêne pas les Russes, ce qui ouvre sans doute la voie à une entente avec M. Trump. La véritable difficulté tiendra à la relation avec l'Iran, que M. Trump, qui envisage de revenir sur l'accord signé par M. Obama, a désigné comme un ennemi pendant sa campagne. Or, l'Azerbaïdjan et la Russie ont l'un et l'autre besoin d'entretenir une bonne relation avec l'Iran.

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