Intervention de Marie-Claire Aoun

Réunion du 15 décembre 2016 à 11h15
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Marie-Claire Aoun, directrice du centre « Énergie » de l'Institut français des relations internationales (IFRI :

Il y a effectivement des limites, compte tenu de la situation économique difficile que connaît actuellement la Russie.

Pour le marché européen au moins, la Russie a des avantages par rapport à tous les autres exportateurs de gaz : elle possède d'énormes réserves de gaz et dispose d'une capacité de production et de transport excédentaires. Le gaz russe emprunte principalement trois routes vers l'Europe : via l'Ukraine, via la Biélorussie et la Pologne, et via le gazoduc Nord Stream qui aboutit en Allemagne. La route qui passe par l'Ukraine n'est utilisée actuellement qu'à 40 %. Au total, la Russie a la capacité d'exporter 100 milliards de mètres cubes supplémentaires vers l'Europe. Elle est donc en mesure de réduire ses prix pour s'aligner sur ceux du marché. Les prix actuels sont les plus pas que l'on ait observés depuis 2004.

Dans ce contexte, le gaz azerbaïdjanais n'est pas tellement intéressant du point de vue européen, car il est, je le répète, assez coûteux à produire et à transporter. En revanche, il peut être compétitif par rapport au gaz russe sur le marché turc – je ne dispose pas de chiffres précis sur ce point. En d'autres termes, l'Azerbaïdjan est un fournisseur intéressant pour la Turquie.

Par ailleurs, si l'on se place, cette fois, du point de vue de l'Azerbaïdjan, notamment dans la perspective d'un éventuel développement plus poussé du Corridor Sud, il faut avoir en tête que le contexte sur le marché gazier européen n'est pas très favorable à long terme : en 2035, la consommation de gaz au sein de l'Union européenne devrait être au même niveau qu'en 2013, selon le scénario « Nouvelles politiques » de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Selon les différents scénarios de la Commission européenne, cette consommation, au mieux, augmentera légèrement, mais, plus probablement, stagnera, voire déclinera.

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