Intervention de Marie-Claire Aoun

Réunion du 15 décembre 2016 à 11h15
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Marie-Claire Aoun, directrice du centre « Énergie » de l'Institut français des relations internationales (IFRI :

Ils ont atteint un pic de 110 dollars le baril en juin 2014, puis se sont effondrés. Au début de l'année 2016, ils étaient de 30 dollars le baril, puis sont légèrement remontés. Au bout de presque deux ans, les pays producteurs se sont enfin accordés pour réduire la production : un accord est intervenu en ce sens au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) il y a quelques semaines, et les pays hors OPEP, dont la Russie et l'Azerbaïdjan, ont accepté de participer à cet effort collectif.

D'après les experts, notamment l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a publié un rapport sur ce sujet il y a quelques jours, le marché pétrolier va de toute façon s'équilibrer d'ici à la fin de l'année 2017 : un certain nombre d'investissements n'ayant pas été réalisés en raison de la baisse des cours, les courbes d'offre et de demande vont de nouveau se croiser. L'accord conclu par les pays producteurs vise à accélérer un peu ce rééquilibrage, car quelques dollars supplémentaires par baril sont précieux pour nombre de ces économies aujourd'hui à terre. Compte tenu de ces éléments, les prix vont probablement augmenter au début de l'année 2017 et pourraient atteindre 55 à 60 dollars le baril.

Cependant, de nombreuses incertitudes demeurent. La grande inconnue, ce sont les pétroles de schiste américains. On constate que la production de ces pétroles, qui est très flexible et résiliente, augmente de nouveau. Dès lors, il est possible que les efforts consentis par les pays producteurs se révèlent inutiles. En tout cas, au vu de la situation actuelle de l'offre et de la demande, il est certain que les cours n'atteindront pas un niveau de 80 ou 100 dollars le baril à moyen terme : ils devraient se situer dans une fourchette de 50 à 60 dollars ; c'est le niveau sur lequel tablent les pays producteurs pour 2017. Toutefois, si les pétroles de schiste américains arrivent de nouveau massivement sur le marché, les prix risquent de baisser derechef.

Compte tenu de sa très forte dépendance à l'égard des recettes pétrolières, l'Azerbaïdjan traverse une crise économique assez marquée. Le pays est en récession : d'après un rapport publié par le Fonds monétaire international (FMI) il y a quelques semaines, le taux de croissance sera négatif en 2016, entre -2 % et -3 %. L'inflation s'élève à environ 8 %, et la monnaie a été dévaluée. Les autorités ont puisé quelques milliards de dollars dans le fonds souverain pour les injecter dans l'économie et la stabiliser. L'encours du fonds SOFAZ s'établit aujourd'hui à environ 33 milliards de dollars, contre 37 milliards en 2015. Signalons un élément intéressant mentionné dans le rapport du FMI : à la différence d'autres pays producteurs de pétroles tels que l'Algérie et l'Arabie saoudite, qui diminuent les salaires des fonctionnaires et les dépenses sociales, l'Azerbaïdjan essaie de mener une politique contracyclique en augmentant légèrement ces dépenses.

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