Monsieur le rapporteur, vous avez présenté votre amendement-balai comme un amendement de compromis.
Effectivement, il y a compromis dans la mesure où vous avez entendu la réaction de la société qui ne souhaitait pas, peut-être du fait de son attachement « chamanique », pour reprendre vos termes, aux mots « père » et « mère », les voir quasiment disparaître dans nombre d'articles de nos codes juridiques. Le poids de nos débats et des manifestations aura permis de faire passer ce message. C'est une bonne chose.
Mais venons-en aux réponses que vous apportez. Elles ne sont pas un élément de consensus mais une fiction à laquelle vous nous proposez d'adhérer. On ne peut établir un consensus sur une fiction puisque précisément la société veut que soit prise en compte une réalité, portée par des noms. Un père, c'est un père ; une mère, c'est une mère : on ne peut pas trafiquer les dénominations. Si les parents sont deux hommes, alors il s'agit de deux pères et s'il s'agit de deux femmes, alors ce sont des mères. Or votre amendement-balai fait comme si.
C'est, en outre, une lâcheté : vous n'osez pas appeler les personnes par leur nom. C'est aussi un appauvrissement du langage parce que mal nommer ne permet plus de décrire la réalité des choses.