Intervention de Jacques Krabal

Réunion du 11 janvier 2017 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

Je formule à mon tour des voeux pour que cette année nous permette de travailler ensemble et avec lucidité à la protection de notre biodiversité : mettons-nous en marche au service de projets d'intérêt général !

Pendant de la COP22, dédiée au climat, la COP13, treizième édition de la conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique qui s'est tenue en décembre à Cancún au Mexique, est loin d'avoir joui du même retentissement.

Cette COP13 a pourtant été l'occasion pour l'ensemble des États signataires d'échanger sur un certain nombre d'enjeux majeurs pour l'avenir de notre planète, de définir des objectifs visant à réduire les menaces directes et indirectes qui pèsent sur la biodiversité, de favoriser l'accès de tous aux ressources génétiques et d'étendre la surface des zones protégées.

Il n'en reste pas moins que, malgré ces engagements et l'adoption par les gouvernements de la Déclaration de Cancún sur l'intégration de la biodiversité dans les politiques sectorielles comme le tourisme, l'agriculture, la pêche, la foresterie et l'extraction des matériaux de construction, il est permis de s'interroger sur la mise en oeuvre concrète de ces grands principes.

Il y a d'abord la question des moyens financiers : où en sommes-nous en effet du doublement des financements de la préservation de la biodiversité annoncé en 2012 lors de la COP11 en Inde ? Comment se fait-il ensuite que les objectifs d'Aichi, fixés en 2010 n'aient été réalisés qu'à hauteur de 5 % ?

Vous me permettrez ici de citer Jean de La Fontaine et sa fable Les frelons et les mouches à miel : « De grâce, à quoi bon tout ceci ?Dit une abeille fort prudente,Depuis tantôt six mois que la cause est pendanteNous voici comme aux premiers jours. » Pourtant le temps presse : d'ici à 2020, les deux tiers des vertébrés pourraient, si la destruction des écosystèmes n'est pas enrayée, avoir disparu ou atteindre un niveau d'extinction irréversible.

Pour la faune et la flore sauvages, les voyants sont au rouge et, s'il faut conserver les emblématiques rhinocéros, éléphants ou baleines, ainsi que tous les animaux qui contribuent au fonctionnement et à la richesse des milieux naturels, le même raisonnement vaut pour les plantes et aux insectes. Je pense notamment aux abeilles, dont la préservation est un enjeu majeur au plan mondial. Vous avez rappelé, madame la secrétaire d'État, que vous étiez à l'offensive avec les Pays-Bas sur la question des insectes pollinisateurs : que doit-on en attendre concrètement ?

Par ailleurs, force est de constater que, globalement, ce sont les pays les moins développés qui se révèlent les mieux-disants et les pays avancés qui sont à la traîne, même si, en leur sein, la France fait figure de bon élève principalement grâce à la préservation de nos aires marines. Je voudrais donc que nous fassions un point sur l'Union européenne, très en retard : que proposez-vous pour que l'on change de braquet, sans attendre 2018 et la prochaine COP en Égypte ?

Tandis que les États négocient, les territoires et les citoyens, eux, avancent. C'est le cas dans le sud de l'Aisne, avec le soutien durable aux collectivités dans la gestion de leurs espaces publics, la réduction, voire la suppression, des produits phytosanitaires depuis 2010, la mise en place d'un partenariat solide avec les agriculteurs, les viticulteurs et les chasseurs, qui sont, sur le territoire, des acteurs de la biodiversité, la mise en place enfin de trames verte et bleue, dans le cadre du schéma de cohérence territoire du Pays du sud de l'Aisne, qui visent, dans la ligne des objectifs d'Aichi, à préserver les réservoirs de biodiversité et les éléments de corridors écologiques. Je pourrai encore citer notre crapauduc ou le rétablissement de la continuité écologique de nos cours d'eau, autant d'exemples qui montrent que la protection de la biodiversité est d'abord l'affaire des territoires.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion