Monsieur le Premier ministre, lors du sommet Afrique-France, le Président de la République a déclaré avoir pour l’Afrique des « sentiments intenses ». Au cours de son quinquennat, il aura d’ailleurs visité ce continent trente-deux fois. Mais quelle fut la politique africaine de M. Hollande ? Elle fut avant tout sécuritaire, ce que l’on ne saurait lui reprocher : l’attentat-suicide de Gao nous en rappelle la nécessité, et nous pouvons adresser, ici, un message d’amitié au peuple malien.
On ne saurait reprocher cette politique à M. Hollande, donc, si toutefois la courbe de l’aide publique au développement n’avait connu le même sort que celle du chômage, faisant ainsi mentir son cinquante-septième grand engagement : « Moi, Président […], j’agirai pour une aide accrue aux pays en développement ». Or, sous son mandat, l’aide aux pays subsahariens aura chuté de 20 %.
Serge Michailof pose « la » question : « L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? ». Il n’a pas de mots assez durs pour dire combien « le gouvernement a abandonné les pays les plus pauvres alors que c’est là où se trouvent les plus graves risques géopolitiques ». Risques, mais aussi opportunités ! Pour le chef de l’État, « l’Afrique est notre avenir ». Il a raison. L’Afrique, c’est en effet une classe moyenne de 150 à 300 millions de consommateurs, une urbanisation galopante, un marché du mobile et du e-commerce en explosion.
Mais qu’a-t-il fait, justement, pour que la France cesse de perdre du terrain dans toute l’Afrique subsaharienne au profit des pays émergents, comme la Chine ? Il nous a manqué un grand plan, une formidable énergie pour promouvoir l’Afrique comme relais de croissance et pour accompagner nos PMI-PME sur des marchés qui nécessitent connaissance et préparation, à travers un contrat gagnant-gagnant.
« Ce qui se fait en Afrique a des conséquences pour toute l’Europe et donc pour la France », martèle François Hollande. Les chiffres le font pourtant mentir, si l’on considère un mandat où la politique africaine est restée en demi-teinte. Au Mali, M. Hollande a même annoncé son soixante et unième et dernier engagement : 23 milliards d’euros pour l’Afrique pour ces cinq prochaines années. Décidément, « le zèbre ne se défait pas de ses zébrures » !
Ma question est simple : comment pensez-vous, monsieur le Premier ministre, abonder le Fonds d’investissement pour l’Afrique annoncé par le Président à Bamako alors que les budgets n’ont cessé de baisser ? Comment allez-vous utiliser les derniers jours de votre mandat pour donner à la politique africaine de la France la pleine mesure qui devrait être la sienne ?