Intervention de Pierre Andrieu

Réunion du 1er décembre 2016 à 11h00
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Pierre Andrieu, ambassadeur, ancien co-président français du Groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE :

Bien sûr, on craint toujours que la situation ne dérape, à la suite de telle ou telle provocation, d'un côté ou de l'autre. Mais nous ne nous doutions pas de ce qui allait se passer, d'autant que les deux présidents se trouvaient à l'étranger.

Sur place, quelques jours après, nous avons rencontré des responsables azerbaïdjanais extrêmement sûrs d'eux, qui disaient : « Maintenant, nous pouvons faire ce que nous voulons ». De l'autre côté, il faut reconnaître que les responsables arméniens semblaient avoir reçu un coup sur la tête. Pour eux, c'était vraiment une mauvaise surprise.

Il n'est pas exclu que les Russes aient été au courant de cette affaire et que, pour des raisons politiques, ils se soient bien gardés d'agir, de façon à calmer l'Arménie qui ne voulait pas discuter de la proposition qu'ils avaient faite.

Mais maintenant, la situation a changé. En effet, les Russes, voyant qu'ils avaient beaucoup perdu en crédibilité et en popularité en Arménie, ont peut-être décidé de reprendre l'affaire en mains et de rassurer l'Arménie. Ils lui ont livré à peu près les mêmes armes qu'à l'Azerbaïdjan, sans doute à un prix beaucoup moins élevé puisque l'Arménie fait partie de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).

En octobre, quand nous sommes retournés sur place, les Arméniens paraissaient beaucoup plus sûrs d'eux, et tenaient un discours qui était à peu près le suivant : « Maintenant, on va voir ce qu'on va voir, on va tout reprendre »… Nous avons discuté avec leur nouveau ministre de la défense, M. Viguen Sakissian, qui est l'ancien conseiller diplomatique du président et qui n'est pas un militaire. Son discours était beaucoup plus politique et surtout beaucoup plus offensif : il est allé jusqu'à comparer la situation entre les deux pays à la Guerre froide, avec destruction mutuelle assurée – même sans armes stratégiques.

Voilà où nous en sommes aujourd'hui : d'un côté, l'Azerbaïdjan perd patience en disant que les négociations politiques n'ont pas commencé, contrairement à ce que ses dirigeants voulaient. De l'autre côté, les Arméniens maintiennent plus que jamais leur discours, qui est le suivant : il faut d'abord appliquer les mesures de confiance avant d'engager les négociations politiques. Des deux côtés, l'opinion publique est extrêmement remontée. La situation est donc assez fragile et dangereuse.

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