Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 11 janvier 2017 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

Chers collègues, nous commençons cette année 2017 sous les meilleurs auspices : avec la philosophie, en la personne d'Étienne Balibar, philosophe mais aussi intellectuel engagé.

Recueil de textes publiés entre 2010 et 2015, votre dernier ouvrage, monsieur, s'intitule L'Europe, crise et fin ? Son esprit est conforme à celui de ce cycle d'auditions, dans le cadre duquel nous interrogeons des intellectuels, des économistes, des responsables institutionnels, des représentants de la société civile, tous ceux qui peuvent nous donner des raisons de placer encore quelque espoir dans l'Union européenne. Après qu'un premier État membre a quitté l'Union européenne, est-ce un mouvement irréversible qui s'ouvre ? Vous appelez de vos voeux une nouvelle Union européenne, mais cela a-t-il encore du sens aujourd'hui ? L'Union peut-elle être transformée ou faut-il en passer par son implosion ? À cet égard, vous-même avez déjà comparé l'« exclusion intérieure » de la Grèce et l'« inclusion extérieure » du Royaume-Uni à laquelle pourra mener le Brexit.

Vous avez beaucoup travaillé sur les notions d'identité, de racisme et de frontières qui nous préoccupent aujourd'hui. Quelle analyse faites-vous donc de la montée des nationalismes dans l'Union européenne ? Est-elle aussi irréversible que les journaux nous le disent ? Dans un texte publié par Libération au mois de mars dernier, vous écriviez que « la crise des réfugiés signe l'échec du projet européen, de la solidarité et de la démocratie », en insistant sur la responsabilité de la France. Quelques mois plus tard, quel regard portez-vous sur l'évolution de la situation ? J'aimerais notamment que vous reveniez sur une idée que vous avez développée dans un autre article : cet afflux migratoire constituerait un nouvel élargissement de l'Union, non territorial mais démographique et politique – un élargissement de la définition même de l'Europe et de ses objectifs.

Vous avez réfléchi à la place de l'Union européenne dans le monde et à son rôle dans la mondialisation. Si, comme l'affirme Carl Schmitt, la politique est le lieu de la distinction entre « l'ami » et « l'ennemi », l'Europe ne manque-t-elle pas d'un ennemi commun à tous les États membres, qui permettrait un rassemblement au-delà des clivages culturels, linguistiques et historiques ?

Comment espérer encore ? Membres de la commission des affaires européennes, nous sommes des Européens convaincus, et nous pensons que l'Europe est le bon échelon pour continuer à construire la démocratie.

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