Intervention de Christine Tisseau-Giraudel

Réunion du 10 janvier 2017 à 17h00
Délégation aux outre-mer

Christine Tisseau-Giraudel, coordinatrice des états Généraux de la production audiovisuelle et cinématographique des outre-mer :

Je souhaite auparavant évoquer les différences de traitement existant entre l'outre-mer et la métropole. Pour la production de la même oeuvre, le même documentaire, la même durée et le même budget — oeuvre qui sera peut-être diffusée sur la chaîne qui aurait donné 50 % —, les chaînes de proximité du groupe France Télévisions diffusées chez nous et sur le réseau national reçoivent le taux d'aide maximum. Il s'agit là d'une injustice flagrante.

D'ailleurs les membres du comité d'experts — qui étaient des producteurs et des diffuseurs, comme le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) — que nous avons reçu aux États généraux, par-delà leur volonté de nous soutenir, étaient sidérés de constater que nous avions pu créer des filières dans de telles conditions.

Un producteur métropolitain ne se lancerait pas dans l'aventure avec le seul financement de 10 % reçu de la part d'une chaîne de télévision. C'est bien que nous ayons su trouver une autre façon de produire et de fonctionner, parce que nous sommes passionnés. Mais rien ne justifie qu'il en aille ainsi, sauf à considérer que nos filières sont récentes. Aujourd'hui nous entendons encore certains diffuseurs considérer qu'il n'existe pas de filières outre-mer. Il est vrai que ces filières ont été créées entre 2001 et 2004, et que cela est très récent. On peut imaginer que les gens, hors ceux de France O et du réseau France 1re, travaillant dans les autres chaînes puissent ne pas nous connaître.Il n'en demeure pas moins qu'il n'est plus vrai que rien n'existe dans le secteur en outre-mer : nous en sommes la preuve vivante.

Aujourd'hui six départements et territoires des outre-mer comptent au total plus de quatre-vingt-dix sociétés de production. Je ne nie pas que des choses manquent, notamment dans le domaine de la formation, mais nous produisons déjà beaucoup, pour les chaînes locales, nationales et internationales. Nous accueillons des sociétés de production : les techniciens et la production d'oeuvres ultramarine sont donc bien là.

Nous souhaitons que vous puissiez conserver cela à l'esprit, car trop souvent, c'est l'argument de cette inexistence — qui n'est plus pertinent depuis dix ans — qui nous est opposé dans les discussions relatives au financement.

Le deuxième axe de développement que nous proposons porte sur la facilitation de la venue de productions audiovisuelles et cinématographiques, tant nationales qu'internationales, dans nos territoires.

Le développement existe sur deux plans : celui de la production locale, avec nos auteurs, nos thèmes et les divers diffuseurs, et celui de la réception de tournages, qui sont source de formation et d'expertise pour nos techniciens.

Il convient donc de développer les BAT dans tous les territoires ultramarins. Aujourd'hui, seules la Martinique et la Polynésie en sont encore dépourvues, bien que les choses soient en bonne voie.

Il faut sensibiliser les chaînes de télévision nationales, dont France Télévisions, et les inciter à s'engager dans la localisation de tournage d'épisodes de séries et fictions existantes, comme Meurtre à…, diffusée par France 3, et dont des épisodes ont été tournés en Martinique et en Guadeloupe. La pratique doit être étendue à l'ensemble des outre-mer ; des séries très grand public produites par TF 1 comme Joséphine ange gardien pourraient-elles être concernées.

Par ailleurs, les surcoûts dus à l'éloignement géographique devraient être lissés, car notre situation d'isolement majore les coûts de réalisation au regard de Paris intra-muros par exemple. Des solutions existent, et les fonds de soutien permettent le lissage de ces surcoûts ; le crédit d'impôt destiné à favoriser la localisation des tournages nationaux en métropole pourrait être bonifié dès lors qu'il s'agit de tourner dans les outre-mer.

Enfin, il conviendrait d'exonérer des taxes du type octroi de mer ou droits d'entrée, très liées au territoire antillais, les matériels de tournage devant être importés dans les territoires ultramarins, car cette forme de taxation n'a pas de sens.

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