Intervention de Guy Maugis

Réunion du 31 janvier 2013 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Guy Maugis, président de Bosch France, président de la chambre de commerce franco-allemande :

Bosch appartient à une fondation : l'entreprise n'est donc pas cotée. Son chiffre d'affaires s'est élevé, en 2012, à un peu plus de 52 milliards d'euros. Cette entreprise emploie 305 000 salariés, dont quelque 8 000 en France. Une des forces de Bosch est la recherche et le développement : le groupe a en effet déposé 4 200 brevets en 2012, ce qui fait plus de dix-neuf brevets par jour. L'innovation est du reste une des caractéristiques des entreprises allemandes.

La France et l'Allemagne, bien que voisines, sont des pays très différents dans leur organisation politique – l'Allemagne est un État fédéral où les Länder jouent un rôle majeur -, comme dans l'organisation de l'enseignement ou encore de la recherche. Mais surtout, le consensus national autour de la compétitivité des entreprises est une caractéristique culturelle allemande. Pour les Allemands, l'entreprise est un outil fragile que tous les acteurs doivent contribuer à protéger et à aider, en évitant notamment de freiner son développement. Au contraire, le consensus français porte sur le maintien du pouvoir d'achat. Pour les Français, c'est l'entreprise qui doit être taxée, plus que les particuliers, car ils sont persuadés que si le pouvoir d'achat va bien, l'entreprise ira bien. L'Allemagne et la France sont donc à front renversé puisqu'aux yeux des Allemands, l'emploi et le pouvoir d'achat dépendent de la santé et de la pérennité de l'entreprise, ainsi que de sa compétitivité, notamment à l'exportation.

Sur les dix dernières années, le coût horaire du travail a connu, en France, une lente dérive qui pèse sur la compétitivité des entreprises – en 2000, le coût du travail était 10 % plus bas en France qu'en Allemagne, mais il est aujourd'hui plus élevé de 10 %. Les usines françaises sont donc 10 % plus chères que les usines allemandes faisant le même produit sur les mêmes machines, ce qui est une vraie préoccupation. Comment, dans ces conditions, expliquer aux dirigeants allemands qu'il faut continuer de produire en France, d'autant que les taux de marge sont de 10 % plus élevés en Allemagne ? Il faut savoir que la taxe en France est fixe – l'entreprise paie d'abord –, alors que l'imposition allemande repose sur une taxe variable : les entreprises paient des taxes en cas de profit, ce qui leur permet, comme le révèlent les études microéconomiques, de prendre plus de risques, d'investir davantage dans la recherche et d'embaucher. Je m'en aperçois au quotidien comme président d'une filiale française d'un groupe allemand. L'écart des coûts de production lié à la structure de la taxation est fondamental pour le dynamisme des entreprises, même si la différence demeure minime en points de PIB.

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