Il n'existe pas, en Allemagne, de mesure phare de soutien à l'industrie ou aux PME : l'écosystème, qui est très régionalisé, en particulier sur le plan financier, repose notamment sur une politique de transfert de technologie et sur un système de formation impliquant directement les entreprises qui décident elles-mêmes du contenu de la formation : celle-ci est alors mise en place par les chambres de commerce et validée a posteriori par l'État. L'initiative part donc de la base vers le sommet, et non l'inverse. De plus, des associations accompagnent au quotidien, dans les régions, les différentes structures. L'entreprise étant au coeur de cet écosystème, sa santé est une préoccupation des salariés eux-mêmes, qui sont prêts à faire des sacrifices pour elle. Ces salariés pensent en termes non pas de confrontation, mais d'intérêt général, et c'est un état d'esprit qui se reflète aussi dans l'autonomie des conventions collectives. Les règles ne sont pas fixées par l'État ; elles sont le fruit d'une entente, parfois, évidemment, après un conflit.
La construction d'un tel système a pris des années. Les deux systèmes français et allemand étant très différents, l'un ne saurait servir de modèle à l'autre. S'il est toujours possible pour la France de s'inspirer du modèle allemand, il convient de rester lucide sur la nature de la société française.
Par ailleurs, les investisseurs allemands ont une image morose de la France. Aussi demeurent-ils dans l'expectative. Leur préoccupation principale, depuis plusieurs années, c'est la flexibilité du marché du travail : or, même si leur jugement doit être révisé à la lumière des accords du 11 janvier, ils croient peu à une flexibilisation du droit du travail français. En dehors même de la question des coûts de production, la France doit donc envoyer un message fort en ce sens pour attirer de nouveaux investisseurs. Sachant que les décisions d'investissement pour les dix prochaines années se prennent à l'heure actuelle, il n'y a pas de temps à perdre !