Intervention de Frédéric Thil

Réunion du 31 janvier 2013 à 10h30
Mission d'information sur les coûts de production en france

Frédéric Thil, directeur général de Ferrero France :

La filiale française du groupe Ferrero a cinquante ans. C'est la troisième société du groupe, ce qui est atypique, puisqu'une filiale française d'un groupe international pèse généralement entre 2 % et 3 %. Or Ferrero France pèse entre 12 % et 14 % du groupe. La raison en est simple : le business de Ferrero est très concentré sur la vieille Europe : l'Italie, l'Allemagne et la France représentent quelque 70 % du chiffre d'affaires.

Ferrero est, en France, leader national de la confiserie de chocolat. La filiale emploie 1 200 collaborateurs et possède une usine en Haute-Normandie. Elle fabrique deux produits : Nutella et Kinder Bueno.

Le fait d'être un groupe familial non coté en Bourse est un vrai avantage : en n'étant pas soumis aux pressions des actionnaires, le groupe a en effet le temps de se consacrer à la qualité de ses produits.

Ferrero France bénéficie d'un marché stable du fait que les produits de grande consommation résistent en France, contrairement à l'Italie. Le groupe a investi 40 millions d'euros sur les trois dernières années en France, tant dans l'usine que dans le secteur commercial. Ferrero France continue donc de tenir la comparaison avec les maisons italienne et allemande. L'équilibre est toutefois fragile, parce que le business n'est pas dynamique et que la structure de coût est importante en France. Cette structure repose sur cinq données principales.

S'agissant, tout d'abord, du coût des matières premières, nous souffrons particulièrement de la forte volatilité de la noisette. Or, compte tenu de la loi de modernisation de l'économie, la France est le pays où les hausses de tarifs sont le plus difficilement absorbables. Nous rencontrons des difficultés à adopter en France des tarifs reflétant les hausses des matières premières, si bien que, sur la partie haute de notre compte d'exploitation, le déficit se creuse par rapport à nos deux voisins.

Par ailleurs, le coût du travail, notamment le coût horaire des CDI, est en France plus élevé qu'en Italie de l'ordre de 25 % à 30 %, non seulement parce que le coût du travail est généralement plus cher en France qu'ailleurs, mais également parce que le consommateur français est de plus en plus attiré par des produits issus de sociétés qui auront démontré une vraie responsabilité sociétale. Contrairement aux entreprises italiennes, les entreprises françaises ont ainsi intégré la question sociétale dans leur stratégie, ce qui a un coût.

Le coût de la distribution est également supérieur en France à ce qu'il est en Italie notamment en raison de la loi de modernisation de l'économie. En revanche, nous avons la chance, en France, de bénéficier d'une distribution très concentrée : sept chaînes de distributeurs avec 7 000 points de vente suffisent pour réaliser 85 % de la valeur des produits de grande consommation, alors qu'il en faut 150 000 en Italie. Les logistiques ne sont donc pas les mêmes !

Si le coût de la communication est moins cher en France qu'en Italie, nous avons en revanche besoin d'investir davantage : en effet, un produit comme Kinder nécessite en France un plus grand investissement du fait que c'est dans notre pays un achat d'impulsion, alors que c'est en Italie un achat alimentaire.

Enfin, le taux d'imposition s'élève à 36,1 % en France contre 31,4 % en Italie.

Il conviendrait d'insister lors de la table ronde sur trois points : le coût du travail, la souplesse insuffisante du droit du travail en matière d'activité saisonnière et la pression fiscale, qui est anxiogène. Du reste, la famille Ferrero s'inquiète des débats franco-français, notamment en matière de taxation.

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