Je partage, madame, beaucoup des propos que vous avez tenus.
Mme May, dans sa position, ne pouvait tenir un autre discours. Cela dit, si les Anglais ont dans les prochaines années une croissance supérieure à celle de l'Europe, d'autres pays voudront quitter l'Union. Il faut donc que nous soyons solidaires, et en même temps durs vis-à-vis des Anglais.
C'est bien évidemment par le couple franco-allemand que devra passer une reprise de l'Europe que nous espérons tous. La montée des nationalismes et de l'islamisme, les problèmes de l'Afrique et du Moyen-Orient, régions que nous devons aider, appellent des réponses communes. L'Europe ne peut se désintéresser de ces problèmes.
Il faut en outre que ces réponses soient apportées rapidement car il y a le feu. Vous me faites un peu peur quand vous dites ne pas voir de modification importante des traités dans les deux ou trois ans à venir, car, si cela n'a pas lieu dans ces délais, l'Europe est morte. C'est vraiment mon sentiment. Les élections française et allemande sont une opportunité et j'espère que ceux qui seront élus auront la force de prendre des initiatives.
S'il faut que la zone euro soit un noyau dur, rien ne changera. Je crois que le noyau dur est d'abord le couple franco-allemand, puis les pays des origines de l'Europe, le Benelux, l'Italie, et ensuite les autres, qui viendront si nous savons être attractifs. Mais un noyau dur au niveau de la zone euro serait tellement compliqué que nous ne ferions rien, et ce serait la dislocation assurée de l'Europe.
Enfin, pensez-vous que l'esprit fédéral avance ? Je suis fédéraliste et ne l'ai jamais autant été car la défense européenne est devenue plus fondamentale encore, les Américains manifestant un désintérêt, les nationalismes montant, la Russie donnant des signes inquiétants. Si nous voulons une défense commune, il faut un chef, car on ne peut pas réunir tous les premiers ministres pour prendre des décisions.