Intervention de Gilles Savary

Réunion du 18 janvier 2017 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Savary :

Merci, madame, votre exposé extrêmement précis nous éclaire grandement.

Au fil de l'année 2016, le risque d'une dislocation de l'Europe n'a cessé de croître. La situation est assez affolante si l'on en juge d'après les forces en jeu, extrêmement puissantes. Pour les populistes, comme d'une certaine manière pour Mme May, l'Union européenne est le bouc émissaire idéal dès lors qu'un problème se pose au sein de l'Europe. En France même, les difficultés rencontrées sont présentées, dans le cadre de la campagne électorale qui s'ouvre, comme le fait de l'Europe, non comme le témoignage de la nécessité de réformer le pays. C'est une pente extrêmement dangereuse : celle du moindre effort, celle de la facilité pour les peuples. Même des hommes politiques français insoupçonnables jusqu'à présent tiennent des discours aux tonalités national-populistes. C'est très préoccupant.

Par ailleurs, l'arrivée au pouvoir de M. Trump, qui ne s'embarrasse pas de nuances ni ne semble avoir un réel bagage géopolitique – à moins qu'il ne rompe délibérément avec une très longue histoire –, est quand même très inquiétante, notamment en raison de ce que l'on dit de ses rapports avec M. Poutine. L'Europe est en quelque sorte prise en étau.

Quant à la pression migratoire qui s'exerce au sud de l'Europe, elle tend à déstabiliser nos pays.

J'ai bien entendu ce que vous disiez tout à l'heure. Oui, il faut consolider la zone euro, oui, il faut consolider le marché intérieur, oui, il serait idéal de faire des traités… mais, dans le climat actuel, nous pourrions aussi en mourir, de réformer les traités, de faire des référendums ! Ne faudrait-il pas trouver des thématiques plus en phase avec l'air du temps, susceptibles de rassembler ? Depuis de nombreuses années, je fréquente un peu les pays de l'Est. Assez paradoxaux, ils semblent tout de même relativement attachés à l'Union européenne, et bien plus qu'ils ne l'étaient lorsqu'ils y ont adhéré. Leur histoire les hante et, compte tenu de l'attitude de la Russie, ils ne quitteront pas l'Union avec autant de légèreté que nous pourrions le faire. D'un autre côté, ils nous posent des problèmes, parce qu'ils tiennent un discours très nationaliste – d'ailleurs, pour eux, l'Union, c'est la libération nationale.

Ne pensez-vous pas qu'une initiative de défense, puissante, s'imposerait ? C'est entendu, l'Allemagne a le leadership économique de l'Europe, mais la France pourrait assurer le leadership en matière de défense. Elle pourrait par exemple prendre l'initiative d'une conférence sur la défense et la sécurité en Europe. Cette proposition pourrait être entendue par l'Allemagne sans que cela blesse son amour-propre. Nous travaillerions également, évidemment, avec les pays du groupe de Visegrád.

Ne faudrait-il pas, en revanche, que nous nous montrions fermes sur d'autres sujets ? Je songe au fait que les valeurs européennes sont transgressées dans certains pays comme la Hongrie et la Pologne. Nous avons le bras qui tremble et les oppositions nationales, diverses, sont en très grande difficulté. Elles voient l'Europe laisser la main, par pusillanimité, à des gouvernements ultranationalistes toujours plus éloignés de ses valeurs.

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