Intervention de Christophe Caresche

Réunion du 18 janvier 2017 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Caresche :

Je reviens sur le couple franco-allemand et sur la question d'une éventuelle relance de l'Europe.

Tout d'abord, une certaine défiance me semble s'être installée, qui tient à des choix stratégiques d'insertion dans la mondialisation assez différents, qui se sont affirmés à partir des années 2000. Les choix stratégiques sont différents, les résultats aussi. Alors que la France et l'Allemagne étaient à peu près au même niveau au début des années 2000, aujourd'hui, parce que des choix ont été faits, notamment par M. Schröder, et parce que la crise de 2008 est passée par là, nos situations objectives respectives rendent le dialogue très difficile. Les Français s'imaginent que les Allemands veulent leur imposer un certain nombre de choses ; quant aux Allemands, ils doutent de notre crédibilité, de notre sérieux. Si je suis très favorable, intellectuellement, à une relance de l'Europe, je n'en pense pas moins que ce sera difficile. Cependant, deux éléments nouveaux peuvent changer la donne. D'une part, le Brexit, s'il ne fait pas plaisir aux responsables allemands, ramènera l'Europe sur un axe franco-allemand. D'autre part, ce qui se passe aux États-Unis devrait aussi pousser à l'unité des Européens.

Comment procéder ? Deux voies sont possibles.

L'une, que vous avez suggérée, madame, est celle d'une plus forte intégration, notamment dans le cadre de la zone euro, mais les positions respectives des uns et des autres restent très éloignées, ce sera très laborieux. Beaucoup a été fait, depuis 2008, mais ce fut difficile. Rappelez-vous le débat sur le pacte de stabilité, le débat sur le Mécanisme européen de stabilité, le débat sur la Grèce : tout cela ne s'est pas fait dans l'allégresse et la concorde ! Il sera donc très difficile, même si c'est nécessaire, d'aller vers une intégration plus forte, ne nous le cachons pas.

Je suis donc assez d'accord avec Gilles Savary lorsqu'il suggère de changer un peu de terrain. D'un certain point de vue, un terrain plus politique serait plus praticable. Et puis il y a cette autre idée, avancée par Hubert Védrine, d'une remise à plat, d'une « opération vérité » sur le fonctionnement et les compétences de l'Europe. Il suggère une conférence sur ces questions, pour que nous repartions du bon pied, pour en finir avec un discours de fuite en avant. C'est comme le vélo : si on arrête de pédaler, l'Europe tombe, mais ne faut-il pas s'arrêter pour faire le point et voir si nous ne pouvons pas continuer un peu différemment ?

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