Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 18 janvier 2017 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

J'ajouterai mon grain de sel.

Une fois de plus, nous avons beaucoup parlé d'Europe économique, et guère d'autre chose. Je reprendrai, pour ma part, les propos très provocateurs du philosophe Étienne Balibar, précédente personnalité auditionnée dans le cadre de nos travaux : le jour où nous avons décidé de faire la concurrence libre et non faussée, nous avons renoncé à l'Europe sociale et déstructuré, en la déséquilibrant, la construction européenne. Êtes-vous d'accord avec cette analyse ? Et la question est-elle débattue en Allemagne ?

Je voudrais aller un peu plus loin sur l'Europe de la solidarité. Je souscris à l'idée d'une conférence de la défense et de la sécurité, avancée par mes collègues, mais pour faire quoi et pour qui ? Nous nous sommes trouvé un ennemi commun, l'État islamique, qui revendiquera bientôt le naufrage du Titanic, mais élaborer une défense commune, ce n'est pas simplement ériger des barrières, c'est aussi être solidaire des réfugiés climatiques de demain. Un milliard de personnes se déplaceront au cours des quinze prochaines années si la lutte contre le changement climatique ne prend pas plus de consistance. Ne pourrions-nous donc pas envisager un dispositif plus équilibré entre, d'une part, une Europe de la défense et, d'autre part, une Europe à la pointe de la lutte contre le changement climatique, solidaire d'un certain nombre de pays menacés, les uns, par la désertification et, les autres, par la montée des eaux. L'Europe n'aurait-elle pas ainsi un double champ pour reprendre une construction politique bien plus qu'économique ?

Et devons-nous conserver le système de Dublin et continuer de considérer que seules la Grèce et l'Italie sont concernées par la question des réfugiés ? Du coup, nous sommes obligés de passer sous les fourches caudines de M. Erdoğan… De même, au lendemain du discours de Mme May, je me demande si nous devons nous en tenir au traité du Touquet.

Quant au rôle des parlements nationaux, il tient largement à la procédure du « carton jaune », mais ils ont essayé de faire autre chose, avec le « carton vert », sur le gaspillage alimentaire et sur la responsabilité des multinationales par rapport à leurs filiales. Dans les deux cas, la Commission européenne a répondu que les directives traitaient déjà les problèmes soulevés. En somme, circulez, il n'y a rien à voir ! Une récente étude démontre pourtant, à rebours de la position de la Commission européenne, que le gaspillage alimentaire s'aggrave ; le travail ne se fait donc pas. Dès lors, n'y a-t-il pas matière à des ajustements, sinon une remise à plat des institutions ? Je ne suis pas favorable à une révision des traités à l'heure actuelle, mais le sujet ne mérite-t-il pas réflexion ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion