Intervention de Arnaud Kalika

Réunion du 24 janvier 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Arnaud Kalika, directeur du séminaire « Russie » à la chaire de criminologie du Conservatoire national des arts et métiers :

Je vais vous présenter la manière dont la Russie perçoit elle-même sa sécurité, du dedans et du dehors. Je ne prétends pas énoncer ici des vérités ; j'espère plutôt susciter vos questions.

En guise d'introduction, je rappellerais que le monde change à vue ; « la vitesse est entrée dans l'histoire », ainsi que le constatait l'historien Marc Bloch. En moins d'un siècle, la Russie a d'abord concentré l'espérance du monde en proposant, en 1917, la paix et le socialisme et en s'impliquant dans le processus de décolonisation contre les puissances coloniales, puis, le 21 août 1968, pour ceux qui ne l'auraient pas compris, les « chars d'août » sont entrés dans Prague, annonçant la chute de l'Empire soviétique et de son utopie.

L'URSS disparue, Moscou a cessé d'être ce qu'elle disait vouloir être : un phare, une lumière alternative à l'idéologie européenne. La Russie s'est retrouvée déclassée au rang de puissance périphérique de l'Europe et de l'Asie, d'État en voie de développement, malgré ses immenses richesses naturelles. En 1992, non seulement plus personne ne craignait la Russie de Boris Eltsine, mais on l'a fait disparaître des priorités de politique extérieure de la majorité des États les plus riches de la planète.

Vu de Russie, les relations internationales sont une affaire de représentation. Elles sont le produit de ce qu'on appelle l'Occident. Rappelons que l'émergence de l'école réaliste en 1945, c'est-à-dire de l'étude des puissances, a permis aux États-Unis de conceptualiser leur nouvelle position de leader mondial. Or, même si la Russie a une relation historique profonde avec l'Europe et l'Occident, elle ne se considère plus comme appartenant idéologiquement à ce monde. Depuis la faillite du socialisme réel et la chute de l'URSS, ce monde est perçu comme légitimant la dissolution de la puissance russe au profit d'un monde globalisé, dont le démiurge serait, bien entendu, américain. Ainsi, son éviction du G8 serait le résultat d'une politique menée par une caste orgueilleuse fermée, dont le but ultime serait l'application de la théorie de « la fin de l'histoire et du dernier homme », prônée par Francis Fukuyama.

S'il ne fallait retenir qu'un seul élément de la politique de Vladimir Poutine depuis son arrivée aux affaires en 1999 comme Premier ministre, c'est qu'il s'est employé à rendre à la Russie son statut de puissance, à lui faire retrouver sa grandeur, afin d'avoir la faculté d'imposer à l'autre sa volonté tout en montrant à l'Occident que le monde ne se contrôle plus seulement au moyen d'une politique des clubs. Toujours vu de Russie, le fait d'être craint et d'apparaître au sommet sur l'échelle des menaces potentielles pour la sécurité de ses voisins est plutôt une bonne chose. Dès lors, la clef de la sécurité dans la Baltique et en Europe du Nord, comme dans l'ensemble du voisinage russe, réside précisément dans la gestion de cette séparation des perceptions, qui divise désormais nos mondes en tension.

Cette année, l'ancien numéro deux de l'OTAN, le général britannique Richard Shirreff, a publié un ouvrage intitulé 2017: War with Russia: An Urgent Warning from Senior Military Command. Dans cet essai, il anticipe une invasion militaire russe dans la Baltique, dont les États riverains sont des membres de l'OTAN, mais pour la protection desquels l'OTAN ne bougerait pas car, si menace russe il y a, il faut un élément intentionnel. L'ancien chef militaire de l'OTAN considère que l'on assiste, dans le sillage de l'annexion de la Crimée – rappelons que ce qui est qualifié d'annexion en droit international n'est qualifié, en Russie, que de reprise d'un territoire concédé par une fredaine de l'histoire –, au retour d'une politique néo-impériale en vue de reconstituer le glacis soviétique. Certains scénarios de crises de l'OTAN sont finalement assez proches de celui qui est décrit dans ce livre : l'idée est que la Russie de Poutine a actuellement un comportement agressif et pourrait vouloir intervenir militairement dans des États où les minorités russophones se percevraient en danger. Pour le dire plus simplement, il s'agirait d'un scénario de violences sociales extrêmes contre des minorités russes qui conduiraient Vladimir Poutine à utiliser la force pour protéger ces communautés.

Pour essayer de comprendre cette problématique, il faut faire litière des préjugés et porter un regard dessillé sur cette « Russie puissance ». J'évoquerai quatre points, en me plaçant toujours du point de vue russe : la Russie comme nouveau point de repère civilisationnel ; la guerre et la force, afin de comprendre les implications de la posture d'une « Russie en guerre » ; le concept de frontière, qui est, selon moi, à géométrie variable vu de Russie ; l'évaluation de la menace vue par la Russie au travers de ses documents officiels, qui permettra de faire la synthèse des éléments précédents.

Premier point : la Russie comme nouveau point de repère civilisationnel.

Depuis l'arrivée aux affaires de Vladimir Poutine en 1999, on assiste à une politique étrangère opportuniste et multivectorielle : il y a d'abord eu l'affirmation européenne du discours prononcé au Bundestag le 25 septembre 2001, puis la fin du virage occidental après la guerre en Géorgie en 2008 ; progressivement, la Russie s'est mise à bouder son ancrage européen au profit d'une redécouverte de sa slavophilie et de son rôle historique comme pivot de l'Eurasie.

Vu de Russie, ce basculement eurasiatique est la conséquence d'une déception vis-à-vis de l'Europe, dont la non-livraison du Mistral et les sanctions constituent, selon le Kremlin, l'apogée. Le repositionnement eurasiatique est passé par la consolidation de la relation avec les anciens alliés et la restructuration de l'espace post-soviétique au moyen d'organisations régionales telles que l'Organisation de coopération de Shanghai et l'Union économique eurasiatique. Dans cet espace, le dossier ukrainien a été au coeur des tensions avec l'Occident. Mais, au-delà de cet espace, le véritable point de rupture s'est certainement dessiné en 2011, en miroir de l'opération en Libye : vu du Kremlin, une opération autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour protéger les populations civiles ne pouvait pas aboutir à l'élimination physique d'un chef d'État. C'est dans ce contexte que Vladimir Poutine a déclaré, peu de temps après sa réélection en 2012, qu'il ne se reconnaissait plus dans les valeurs européennes. La Russie a alors décidé de cheminer seule dans un monde multipolaire et interdépendant. À partir de ce moment-là, l'Occident ne pouvait plus servir de point de repère à la Russie.

Ainsi assiste-t-on à l'exhumation de certains auteurs slavophiles exaltant une voie géopolitique russe, fondée sur un esprit national transcendant à la fois l'Europe et l'Asie. C'est également un retour à cette Russie, nouveau modèle idéologique du monde, face à un Occident éventé par la mondialisation. Si Byzance, la « Deuxième Rome », a failli dans sa mission, Moscou doit assurer sa fonction de « Troisième Rome ». Slavophilie, je le rappelle, ne signifie pas asiatisme et, si les Russes sont souvent perçus en Europe comme des Asiatiques, ils sont perçus en Asie comme des Européens. D'où la fameuse formule de Malraux : « La Russie n'est ni en Europe ni en Asie, elle est en Russie. »

Par-delà le bien et le mal, les faits sont donc là : la Russie a choisi d'embrasser en toute transparence l'axiome de nouveau phare spirituel chrétien à l'extérieur et des valeurs nationales à l'intérieur. À cet égard, ce que l'on qualifie de nationalisme russe en Occident est qualifié, à Moscou, de patriotisme. Pour les auteurs du nouveau concept de politique étrangère russe, publié en décembre 2016, l'actuelle « crise grave » dans les relations entre la Russie et les États occidentaux et l'OTAN est liée aux « problèmes systémiques » qui s'accumulent depuis un quart de siècle dans la région euro-atlantique. Pour le dire autrement, le discours russe est aujourd'hui le suivant : contrairement à ce qui se passe en Occident, où toute chose tend à être réduite au fétichisme marchand, en Russie, le spirituel eschatologique et la transcendance d'une civilisation préservée et de son histoire sont les seules valeurs supérieures et celles pour lesquelles on est prêt à payer le prix du sang. Cela implique un retour au patriotisme et à la morale versus la globalisation et les dérives du genre, dont les réseaux sociaux sont le prolongement. Par-delà ce discours officiel partagé par une large majorité de la population – ne nous y trompons pas : le message vertueux est très populaire en Russie –, on se rend compte en allant sur le terrain que la réalité est, bien entendu, parfois plus froide : celle d'une société de classes aliénée dans sa prison bureaucratique, où l'élite fonctionnarisée cannibalise progressivement les richesses à son profit.

Deuxième point : la guerre et la force, pour comprendre les implications de la posture d'une « Russie en guerre ».

Selon un adage bien connu, « le pouvoir est au bout du fusil », mais je dirais que, dans le cas russe, sa préservation est au bout du langage. Il existe assurément, dans la politique de Vladimir Poutine, une croyance dans la fonction créatrice de la force. Dans cette perception, le monde est globalement incertain et ce sont les armes qui, depuis des siècles, changent le monde. Alors qu'une mystique pacifiste a gagné l'Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en Russie, la force a continué d'être considérée comme le pilier le plus fiable pour régler le destin des peuples.

Selon moi, plusieurs facteurs peuvent l'expliquer.

C'est, d'abord, le sentiment général d'avoir disparu de la carte du monde lorsque l'URSS s'est effondrée. À cet instant, l'identité russe s'est cherché un passé, et l'élite au pouvoir a constaté que l'Occident avait acté la disparition de la menace soviétique, cantonnant la nouvelle Russie dans le statut d'une puissance périphérique et de nain économique. Une posture de guerre devenait donc nécessaire pour lancer une politique de remontée en puissance et de récupération de son rang international.

C'est, ensuite, la conséquence des deux guerres en Tchétchénie et de ce qu'on a appelé le « terrorisme intérieur » : la Russie a été, je le rappelle, le premier pays victime du terrorisme de masse, à Boudionnovsk, au théâtre de la Doubrovka ou encore à Beslan.

C'est, enfin, la théorie de la citadelle assiégée, qualifié de complexe en Occident mais vécue comme une réalité en Russie : le pays se sent réellement encerclé et nous invite à observer les élargissements successifs de l'OTAN ainsi que le déploiement de forces de l'OTAN à ses frontières, notamment dans la Baltique. C'est dans ce cadre qu'il faut réfléchir à la doctrine Guerassimov – du nom du chef d'état-major des armées –, dans laquelle a été annoncée, en 2013, la mise en oeuvre de nouvelles formes de guerre, une guerre qui sera, pour la Russie, transversale, une guerre d'ubiquité. La nouvelle loi russe sur le cyberespace fait partie de cette guerre d'ubiquité : selon son premier alinéa, elle vise à « défendre la souveraineté, la stabilité politique et sociale, l'intégrité territoriale » de la Russie.

La Russie est donc en guerre, pour sa survie, pour la défense de son rang international, pour ses valeurs et sa vision du monde. En pratique, cela signifie que, dans tous les discours et dans tous les textes législatifs, on trouve des actes de guerre. Chaque apparition médiatique, chaque opération de communication, chaque exercice militaire est un exercice de guerre. Il est donc naturel que, dans le domaine de l'information, la Russie pratique une censure de guerre et une communication offensive pour imposer sa vision comme l'ultime vérité. Une Russie en guerre, cela implique aussi l'application de la « tactique du salami », c'est-à-dire la neutralisation, une tranche après l'autre, de tous les éléments jugés préjudiciables à la pérennité du pouvoir et à la sécurité de l'État.

Troisième point : le concept de frontière est, vu de Russie, à géométrie variable.

Historiquement, la Russie a été un espace, une idée, avant d'être un territoire délimité par des frontières. Philosophiquement, la Russie ne connaît pas de frontière. Cela peut ressembler à un paradoxe, mais la Russie se considère elle-même comme un pays-frontière, un pays du milieu, symbolisé par l'aigle bicéphale. Dans cette optique, l'idée russe est une singularité, une religion, voire un dogme. L'histoire est au service de la géographie, et il n'existait plus, sous l'Empire, de nation russe, mais des peuples de Russie.

Cependant, en 1945, le mythe fondateur de la victoire et l'esprit de Yalta ont scellé les nouvelles frontières administratives de l'URSS. Les juristes soviétiques ont toujours défendu le principe d'intangibilité de ces nouvelles frontières, car la frontière appelle aussi la reconnaissance internationale et la paix. Ce principe de clôture a volé en éclat avec l'annexion de la Crimée, qui, dans la perception russe, rappelons-le, est non pas une violation des frontières d'un État souverain, mais une réponse à l'histoire.

C'est là toute l'ambiguïté de cet espace : l'identité russe a nomadisé aux confins de l'Empire, au moins jusqu'en 1991, moment où, pour la première fois, être Russe, c'était d'abord être citoyen de la Fédération de Russie. Quant aux Russes qui continuent à vivre hors de Russie, dans « l'étranger proche », notamment dans la Baltique, ils constituent ce qu'on appelle le rousskii mir – le monde russe. C'est une communauté qui s'allonge en forme de collier de perles sur les marges post-soviétique de la Russie. Selon les endroits, l'acceptation de la frontière est plus ou moins difficile. Dans le cas ukrainien, de nombreux Russes d'Ukraine se sentent ukrainiens, mais beaucoup d'autres se sentent aussi russes. Pour nous, Européens, il est difficile d'émettre à ce sujet un jugement réellement objectif.

Dans le cas des États baltes, de la Pologne et, plus globalement, de l'Europe du Centre-Est, les choses sont assez compliquées, car chaque pays à sa propre vision, que ni l'Union européenne ni l'OTAN n'effaceront. Dans ces pays, il existe un sentiment réel d'impuissance, d'hostilité envers la Russie et de ressentiment à l'encontre de l'Occident dans le sillage de l'esprit de Yalta. Si la Pologne est si virulente à propos de la Russie, c'est aussi parce qu'elle n'a pas oublié l'histoire, y compris l'assaut avorté conduit en 1920 par le stratège soviétique Toukhatchevski pour prendre Varsovie et exporter la révolution bolchevique.

Dans cette région du monde, de la Baltique à l'Europe du Centre-Est, la Russie a toujours été vue comme un autre monde. Historiquement, pour la Pologne, la Russie a été une rivale. La Fédération polono-lituanienne comprenait la Biélorussie et une partie de l'Ukraine. Puis, au XVIIe siècle, lorsque l'expansion impériale russe s'est tournée vers l'Ouest, vers la mer Baltique et la mer Noire, la Pologne est devenue une cible. En Occident, Pierre le Grand et Catherine II sont perçus comme des modernisateurs, alors que, vu de Pologne, l'européanisation de la Russie a signifié conquête et impérialisme. Cette expansion russe a conduit à la perte d'indépendance de la Pologne.

En somme, la géopolitique est toujours jeune, et ces tensions restent clairement l'épicentre des convulsions actuelles.

Quatrième point : l'évaluation de la menace vue par la Russie au travers de ses doctrines officielles.

Tout est écrit dans les documents successifs publiés ces dernières années. On peut y lire que la mission principale de la politique extérieure russe est « la défense de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'État », avec deux nouveaux objectifs cependant : « consolider les positions de la Russie comme l'un des centres les plus influents du monde contemporain » et renforcer celles des médias russes afin de « transmettre aux plus larges cercles de l'opinion publique mondiale les points de vue russes sur les processus internationaux ». Le média devient ici un instrument au service du rayonnement de la puissance.

Dans son nouveau concept de politique étrangère, la Russie affirme son intention de s'opposer aux « tentatives d'utiliser le concept de la défense des droits de l'homme comme un outil de pression politique et d'ingérence dans les affaires intérieures des États, notamment afin de les déstabiliser » et d'y renverser les régimes. On voit ici l'effet miroir de l'intervention en Libye.

Quant à l'OTAN, son élargissement reste perçu de façon négative : il est considéré comme une menace potentielle, au même titre que les deux types de terrorisme, le terrorisme intérieur et le terrorisme extérieur.

Dans ces documents, on note peu de références au Grand Nord et à la Baltique. Mais, historiquement, dans les doctrines soviétiques, la mer Baltique et la mer Noire ont toujours été perçues comme des mers fermées, sur lesquelles il fallait exercer un contrôle militaire et posséder une supériorité.

Le ministère russe de la Défense a communiqué sur le fait qu'il entendait développer des bases et des implantations militaires dans le Grand Nord. Cette région polaire a toujours été une priorité, ainsi que le montre le lancement récent de la construction de deux nouveaux brise-glace à propulsion nucléaire. Cependant, dans les doctrines officielles – la doctrine militaire, le concept national de sécurité –, rien n'apparaît quant à d'éventuelles intentions hostiles à l'égard des États baltes et, lorsque les autorités russes sont interrogées à propos de leurs ambitions territoriales sur cet espace autrefois annexé, elles ne prennent guère la question au sérieux : les États baltes seraient paranoïaques et prendraient un malin plaisir à développer une politique de la victime potentielle afin de s'assurer le parapluie de l'OTAN. Pourtant, d'un point de vue européen, il est de notre devoir d'envisager tous les scénarios possibles, dont celui d'une nouvelle ascension aux extrêmes dans cette région du monde.

La Russie le fait d'ailleurs elle-même et est amenée, dans ce cadre, à se poser, trois questions.

Première question : suis-je menacée par les mouvements otaniens et nationaux sur mes frontières au Nord ? La réponse, vu des Russes, est oui, car l'élargissement de l'OTAN est perçu comme une provocation.

Deuxième question : cette menace remet-elle en cause mes relations bilatérales avec les États du Nord ? La réponse est non, ainsi qu'en atteste, par exemple, la politique extérieure de la ville de Saint-Pétersbourg, qui entretient de bonnes relations économiques et politiques avec les pays voisins et les villes anciennement hanséatiques.

Troisième question : quelles réponses puis-je apporter, moi Russie, à l'élargissement de l'OTAN ? La réponse est non seulement la permanence du dialogue OTAN-Russie, ainsi que l'a énoncé le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais aussi la multiplication des exercices militaires de type « Vostok » ou « Caucase », qui mettent en oeuvre une riposte graduée, et dans lesquels il s'agit pour la Russie de montrer toute la panoplie de ses moyens militaires.

Pour clore ce bref exposé, je dirais que la Russie est un « marteau sans maître », un Sisyphe géopolitique dont on ne voit jamais la fin.

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