Historiquement, le Nakhitchevan est une province de l'Arménie – cette assertion m'a valu d'être accusée dans la presse azérie de falsifier l'histoire, mais les faits sont là. Lors des guerres ottomano-persanes des xvie-xviie siècles, la population arménienne de Tabriz, dans ce que l'on appelait encore la Persarménie, a été déplacée par le sultan ottoman vers Constantinople. Puis celle du Nakhitchevan, autour de Djoulfa, a été déplacée par le shah à son tour vers Ispahan, la capitale de l'Iran de l'époque, et remplacée par des tribus kurdes et turkmènes notamment, comme gardes-frontières. Ces déplacements étaient une pratique régulière des empires ; ils relevaient d'une politique de la terre brûlée, sans visée exterminatrice. Après la conquête russe, les Arméniens sont revenus au Nakhitchevan ; en 1914, ils constituaient encore la moitié de la population de cette région. Mais ils ont souffert de la Première Guerre mondiale et des guerres territoriales des premières indépendances, de sorte qu'à l'issue de ces conflits, ils ont disparu de la région, qui n'est plus peuplée aujourd'hui que d'Azéris.