Intervention de Claire Mouradian

Réunion du 15 décembre 2016 à 13h45
Mission d'information sur les relations politiques et économiques entre la france et l'azerbaïdjan au regard des objectifs français de développement de la paix et de la démocratie au sud caucase

Claire Mouradian, directrice de recherche au CNRS, et de M. Stéphane de Tapia, directeur du département d'études turques de l'université de Strasbourg :

À l'origine, l'Azerbaïdjan est une province multiethnique et multiconfessionnelle de l'Iran qui n'a jamais pu prendre complètement son autonomie, à l'exception de la période très antique d'Adropâtes dont son nom dérive. Il a connu différentes formes administratives – notamment le khanat, que le khan, son gouverneur, essaie de rendre dynastique sans toujours y parvenir – mais n'a jamais été un État constitué. Sur les cartes, le nom d'Azerbaïdjan n'apparaît qu'au XXe siècle. À l'époque tsariste, il n'existe pas de province d'Azerbaïdjan. Lorsque la Russie conquiert la région de l'Est du Caucase – la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan – entre 1805 et 1828, elle conserve au début les dénominations nationales : gouvernorat de Géorgie, province arménienne... Les territoires sont ensuite découpés régulièrement en prenant des noms géographiques, celui des chefs-lieux de la province : gouvernorat de Tbilissi, gouvernorat de Bakou, etc. On retrouve ces mêmes processus dont l'objectif est d'effacer le souvenir d'entités nationales ou politiques préexistantes, lors de la création des départements pendant la Révolution française, et aussi dans l'Empire ottoman après la réforme des vilayet (provinces) de 1864.

La domination persane a été plus forte en Azerbaïdjan, mais la population azerbaidjanaise azérie a participé au pouvoir, quand elle n'en a pas été au coeur. La dynastie séfévide est d'origine azérie et est chiite. Les Azéris n'avaient donc aucune tentation séparatiste ; lorsqu'on a un empire à sa disposition, on n'a pas besoin d'un mini-royaume. Les éventuelles tentatives des gouverneurs locaux d'acquérir une plus grande autonomie par rapport au pouvoir central avaient peu de chance de déboucher sur un mouvement d'émancipation nationale.

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