Monsieur le président, monsieur le ministre, madame la rapporteure, mes chers collègues, la République des partis est devenue le quotidien de notre vie politique. Alors que tout le monde, dans cette assemblée, est devenu peu ou prou gaulliste, l’ensemble des descendants du créateur de la Ve République ont abandonné son ambition première : en revenir à un fonctionnement où le Président de la République, premier représentant du peuple, laisse son gouvernement se confronter aux passions partisanes dans les chambres.
Nous avons vu, dans le texte examiné précédemment, à quel point l’armature institutionnelle de notre pays a divergé de cette ambition première. Aujourd’hui, la représentation et la candidature politiques sont brimées par deux éléments constitutifs d’un système obsolète : la cooptation partisane et la visibilité médiatique. Les chaînes télévisées accueillent ceux et celles qu’ils souhaitent voir atteindre le firmament des audimats, tandis que les opposants au politiquement correct en viennent à développer leurs propres canaux d’information. En somme, ce n’est plus ni la valeur des candidats ni l’assentiment populaire qui préside à la désignation, mais les campagnes du Canard Enchaîné et les sourires des chaînes d’information continue.
Beaucoup récriminent contre cet état de fait, et il faudrait y réfléchir ici, mais beaucoup en profitent également. La République des partis a d’ailleurs avancé avec votre texte sur le non-cumul des mandats.
Arrivant au bout de sa logique, voilà un système qui a réussi à vouer toutes ses parties prenantes aux gémonies et à incarcérer le suffrage populaire dans des commissions d’investiture où le caporalisme en dispute aux bruits d’alcôve.
Dans les Écrits de Londres de Simone Weil, rédigés en 1940, figure une note sur la suppression générale des partis politiques :…