Il faut en effet ajouter les livraisons d'armes.
Troisième inflexion : un intérêt récent mais marqué pour l'Afrique. Mme Merkel s'est rendue en Afrique, ce qui était, là aussi, une grande nouveauté. Nous allons agir ensemble : j'effectuerai dans quelques jours une mission conjointe en Afrique avec ma collègue allemande ; nous allons essayer de créer un partenariat important, avec à la fois un soutien aux armées africaines en reconstruction et – hors de notre champ de compétences – un volet relatif au développement.
Il y a donc une évolution significative de la volonté de l'Allemagne en matière de défense.
En complément, la France et l'Allemagne ont pris l'initiative, en septembre 2016 – donc, après le Brexit –, d'établir une feuille de route sur l'Europe de la défense. Nous avons pris toutes les précautions pour qu'elle soit acceptable par les Britanniques. Ainsi, pour être inclusifs, nous n'avons pas, à ce stade, retenu l'hypothèse d'une coopération structurelle permanente.
Cette feuille de route concerne trois domaines. Elle a, premièrement, une dimension opérationnelle, l'objectif étant d'améliorer la réactivité, avec notamment un renforcement de l'Eurocorps et de son emploi, des capacités d'organisation et de planification communes, une identification beaucoup plus active des Groupements tactiques de l'Union européenne (GTUE), afin que certains d'entre eux soient préidentifiés et plus aisément disponibles pour une intervention.
Elle a, deuxièmement, une dimension capacitaire, avec le renforcement de la recherche, évoqué tout à l'heure par Mme Guigou. À ce stade, l'action préparatoire ne concerne que l'hélicoptère dronisé. Ce programme sera mis en oeuvre sur l'initiative d'Airbus. Les programmes futurs restent à établir, peut-être dans le cadre de l'Agence européenne de défense. En tout cas, il paraît acquis qu'il y aura, entre 2021 et 2027, une ligne budgétaire européenne consacrée aux industries de défense, tout à fait en amont, qui va nous permettre de consolider notre base industrielle en Europe, dès lors que les Etats le décideront. Les Britanniques seront peut-être intéressés à participer à ces programmes. Dans ce cas, il faudra établir un lien avec eux le moment venu. J'ignore encore si un accord spécifique sera nécessaire. De même, il faudra sans doute un accord spécifique sur Galileo, et peut-être un accord spécifique sur les industries de défense, MBDA et Thales étant les deux plus importantes, Airbus étant concernée dans une moindre mesure.
La feuille de route a, troisièmement, une dimension financière, avec la révision du mécanisme Athena, la création d'un fonds européen de soutien aux industries de défense, initiative de M. Juncker que nous avons soutenue, et la mise en oeuvre d'un processus de soutien intitulé CBSD en anglais ou RCSD en français – renforcement des capacités en faveur de la sécurité et du développement –, qui permettra aux forces armées africaines de s'équiper en matériel non létal, chaque État conservant la liberté d'acquérir les armes de son choix. Nous constatons en effet qu'il ne suffit pas de former ces forces, il faut aussi les équiper.
Cette feuille de route a été validée par les Britanniques, sachant que nous avions fait en sorte qu'elle ne contienne pas d'élément bloquant pour eux. Mon collègue Michael Fallon m'avait d'ailleurs dit : « Tu vas être surpris, nous allons voter pour ! » Cela illustre notre volonté de créer un partenariat avec les Britanniques, de favoriser leur présence dans les actions que peut mener l'Union européenne en matière de défense.