Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 26 janvier 2017 à 9h15
Mission d'information sur les suites du référendum britannique et le suivi des négociations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou :

Quelques jours après le discours de Mme May, les hauts fonctionnaires britanniques ont éprouvé le besoin de réunir les ambassadeurs des Etats membres de l'Union européenne pour apporter des clarifications. Comment interprétez-vous cette démarche pour le moins bizarre ?

Il est vrai que si le discours de la Première ministre était très clair sur un point – la sortie du marché unique pour se soustraire à la Cour de Justice de l'Union européenne et à la liberté de circulation des personnes –, pour le reste, tout était très flou ; il laissait à penser que les Britanniques voulaient le beurre et l'argent du beurre, le cherry picking, etc.

Leur démarche peut être motivée par la volonté de dissiper l'impression négative laissée par le discours, mais elle peut aussi être comprise comme la volonté de déceler des failles et de mettre à l'épreuve l'unité européenne ; heureusement celle-ci ne s'est pas démentie depuis le Conseil européen de Bratislava. Elle peut être la première tentative d'une diplomatie hors pair – pas meilleure mais au moins aussi bonne que la nôtre – pour essayer de jouer de toutes les ambiguïtés que vous avez soulignées.

L'ambassadeur britannique, M. Llewellyn, – c'est une des seules indications qu'il nous a données – a indiqué que le gouvernement britannique essaierait de négocier à la fois le divorce et le futur accord. Avez-vous une idée plus précise de la stratégie de Michel Barnier, qui ne nous a pas trop répondu sur ce point lorsque nous l'avons auditionné, pour éviter que les négociations durent indéfiniment et qu'elles ne laissent de côté des sujets incontournables ? Je vous fais part de cette inquiétude. D'autant que, dans leur volonté de négocier des accords de libre-échange – avec les États-Unis, mais pas seulement –, les Britanniques ont déjà bien avancé, et avec l'aide de Donald Trump. Ils disent vouloir mener des discussions. La Commission européenne les a toutefois avertis que tant qu'ils étaient membres de l'Union européenne, ils ne pouvaient pas engager de négociation ; mais il ne leur est pas interdit d'avoir des discussions…

Il est important que le négociateur européen et les États membres tiennent bon. Il faut veiller à ne pas mélanger indûment les différentes étapes de la discussion et à ne pas faire durer celle-ci indéfiniment sans quoi l'agenda européen et l'état d'esprit des peuples, que vous avez très bien décrit, s'en trouveraient très affectés.

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