Monsieur le Premier ministre, depuis deux mois, Mayotte connaît une pénurie d’eau potable d’une gravité exceptionnelle. La population de huit communes du sud n’est alimentée en eau qu’un jour sur trois, et, d’ici une semaine, c’est l’ensemble du territoire qui pourrait passer sous ce régime, pour une durée indéterminée. Les conséquences humaines et économiques de cette situation sont désastreuses, et le problème est appelé à perdurer au moins pendant les quatre prochaines années puisqu’il dépend du niveau des précipitations, dont le caractère aléatoire devient la règle.
Après concertation avec les acteurs concernés, le Gouvernement a annoncé une série de mesures d’urgence, correspondant, pour beaucoup, aux décisions qui n’ont pas été prises durant les années passées, ce qui nous place dans cette malheureuse situation. Il s’agit, entre autres, d’inscrire au contrat de plan État-région 2015-2020 la construction d’une troisième retenue collinaire. En outre, la possibilité d’assurer un apport d’eau extérieur à l’île par tanker est en cours d’examen.
Tout en saluant ces mesures, je me dois de souligner qu’elles ne sont pas à la hauteur du drame qui se joue sur le territoire pour les prochaines années. En effet, le volume d’eau nécessaire pour couvrir les besoins de la population étant en augmentation continue, les décisions relatives à la production d’eau doivent être réexaminées : forages supplémentaires ; renforcement des réseaux de distribution entre le sud et le centre de l’île ; programmation d’une quatrième retenue collinaire dès maintenant, dans l’espoir de la voir opérationnelle dans dix ans ; et même construction d’une seconde usine de dessalement.
Ainsi, c’est une enveloppe de l’ordre de 70 millions d’euros, en plus des sommes inscrites au CPER, qui serait nécessaire. La résorption du retard du territoire en équipements d’assainissement, autre chantier important, ne peut se concevoir avec un approvisionnement en eau incertain. Ce point étant lié aux engagements pris lors de la « rupéisation » de Mayotte, les ajustements à mi-parcours des programmes européens, en cours d’examen, doivent inclure cette contrainte.
C’est pourquoi j’appelle de mes voeux des décisions plus vigoureuses, transparentes et responsables ; elles sont incontournables, sans quoi la population de Mayotte, dans les prochaines années, sera exposée à des risques sanitaires et d’hygiène publique inacceptables.