Intervention de Yves Fromion

Réunion du 7 février 2017 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Je m'étais rendu avec notre collègue Joaquim Pueyo en Sicile, sur un bateau italien, au contact des réalités que vous évoquez. Dans la continuité de ce qui vient d'être dit, il me semble que, s'agissant de la crise migratoire, nombre de pays européens cherchent avant tout à se donner bonne conscience. Ne soyons pas dupes : la Libye profite largement des flux financiers liés au trafic de migrants, essentiellement en provenance d'Afrique de l'Ouest. Ce à quoi nous assistons en l'espèce est une amplification d'une migration ancienne, due à la misère et aux difficultés économiques. Elle continuera tant que les pays d'émigration ne joueront pas le jeu.

Mais lorsque l'on nous dit, comme l'a fait le ministre de la Défense ici même et dans l'hémicycle, que nous ne pouvons pas pousser notre dispositif plus avant dans les eaux territoriales libyennes, ce n'est pas acceptable. Il y a pourtant un hôpital italien à Tripoli, et nombre d'autres choses en Libye. Quand on veut, on peut ! Chacun le sait ici, les eaux territoriales ne font l'objet d'aucun contrôle. Nous nous donnons bonne conscience en affrétant des bâtiments qui, au fond, accompagnent et sécurisent le trafic migratoire. Les marins italiens avec lesquels je me suis entretenu sont scandalisés de ce qu'on leur demande de faire ; il faut en être conscient ! C'est de notre faute si les migrants se noient ! On peut se réfugier derrière le cadre légal ou l'ordre public international pour ne pas stopper ces trafics, mais c'est bien peu de choses face aux vies humaines. C'est bien pour sauver des vies que nous avions agi lorsque nous avons arrêté les troupes de Mouammar Kadhafi à Benghazi. On pleure dans les journaux, mais nous sommes responsables, et le Parlement français porte une lourde responsabilité devant l'Histoire en acceptant de jouer ce jeu les yeux bandés.

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