Je suis très heureux de retrouver M. Jean-François Carenco après l'avoir croisé dans ses fonctions de directeur de cabinet de M. Jean-Louis Borloo et de préfet de la région Rhône-Alpes. Son expérience et ses qualités d'homme de consensus font de lui un être précieux, je tenais à le dire avant d'en venir à mes questions.
Dans votre exposé, vous avez rappelé les enjeux du marché de l'énergie. La CRE participe à d'importants arbitrages sur les tarifs et elle joue un rôle essentiel en tant que conseil du Gouvernement et du Parlement. Le Brexit aura des conséquences sur le positionnement et le poids de la France dans les décisions européennes et nous devons nous y préparer dès à présent. L'une des missions essentielles de la CRE sera d'accompagner l'État qui, au cours des années à venir, devra se montrer stratège dans le secteur de l'énergie. La COP21 a été l'occasion de rappeler la volonté de la France et d'un grand nombre de pays de décarboner la consommation énergétique, ce qui a des incidences sur les décisions stratégiques que nous allons prendre.
Dans le domaine nucléaire, vous avez rappelé le lancement du grand carénage mais il faut aller bien au-delà et commencer à réfléchir au renouvellement de notre parc nucléaire. Selon les objectifs fixés dans la loi relative à la transition énergétique, 50 % de notre production énergétique doit être assurée par le nucléaire. Pour s'inscrire dans la durée, l'État stratège doit définir quels types de réacteurs doivent être installés, à quelle échéance et sur quels sites. Un vrai travail prospectif doit être entamé sans tarder, parallèlement au grand carénage.
Nous devons aussi nous préoccuper des énergies renouvelables et des smart grids. Quand on parle de nucléaire ou des énergies renouvelables, on parle aussi d'industrie, de développement, d'exportations, de filières essentielles. La CRE doit éclairer la vision stratégique de l'État par ses connaissances et ses compétences en la matière.
Vous avez travaillé avec M. Jean-Louis Borloo, qui se préoccupe beaucoup de développements au-delà de nos frontières, notamment par le biais de l'énergie. En Afrique, le savoir-faire de l'industrie française pourrait trouver à s'employer dans l'électrification. En l'occurrence, les besoins humanitaires rejoignent des enjeux économiques et des phénomènes sociaux en lien avec les migrations. Il serait intéressant que vous puissiez nous donner un éclairage sur ce sujet, que je m'attendais à vous voir aborder.