Intervention de Jacques Myard

Réunion du 8 février 2017 à 11h00
Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard, rapporteur :

J'évoquerai maintenant la question de l'équilibre entre les divers jeux, qui n'est pas sans conséquence. Comme l'a précisé Régis Juanico, l'ensemble des jeux rapporte 4,8 milliards d'euros à l'État, et nous comprenons pourquoi notre ministre du budget y est très attentif, car ce montant représente 7 % du rendement de l'impôt sur le revenu. Il ne faut donc pas jeter la pierre aux joueurs, car ils contribuent au budget de l'État.

Il n'en demeure pas moins que, les jeux étant de différentes natures, un équilibre entre eux est nécessaire à l'État. À une autre époque, la loterie, héritière du loto, se résumait à une caméra de télévision et un boulier ; en dehors de la vente des tickets, l'impact économique était faible. En revanche, derrière les paris sur les courses hippiques, se trouve une filière économique complète, allant de l'élevage, de l'entraînement et de la vente des chevaux – souvent à l'international – aux hippodromes et à leur personnel. On estime que la filière équine représente dans son ensemble 180 000 emplois. L'aménagement du territoire est directement concerné par ces activités qui, dans certains départements, représentent 4 % à 5 % des emplois ; cet aspect des choses ne peut donc pas être ignoré.

La loi du 12 mai 2010 prévoit que l'État doit veiller à l'équilibre des jeux ; or aujourd'hui les paris sportifs ont largement cannibalisé les paris hippiques, à hauteur d'un milliard de mises. Dans les endroits où sont proposés à la fois les jeux de la Française des jeux et les paris hippiques, on constate une baisse assez forte des prises de paris hippiques au profit des paris sportifs. En revanche, dans les lieux où ne sont proposés que des paris hippiques, la baisse est moindre.

Cela montre que la concurrence joue à plein, notamment auprès de nos jeunes concitoyens, l'âge des parieurs hippiques étant beaucoup plus élevé. Un vieillissement des turfistes est ainsi constaté ; de fait, les paris sportifs sont plus attrayants aux yeux de la jeunesse. Mais ils sont aussi plus faciles, car dans le pari hippique, selon le jargon des turfistes, il faut « faire son papier », connaître les chevaux, savoir ce qu'ils ont fait, connaître les handicaps. Dans le domaine du pari sportif, les choses sont plus simples, comme dans le cas d'un match de football opposant les équipes du Paris Saint Germain et de Lens, par exemple.

Ce déséquilibre n'est pas sans conséquence sur la pérennité des paris hippiques. Ce changement culturel appelle de la part du PMU une mise à plat de ses méthodes ainsi qu'une modernisation de son approche du public. À cet effet, le plan PMU 2020 a été lancé, qui propose de nouveaux paris par SMS ; le réseau est en cours de modernisation et propose des écrans dans le but d'attirer une nouvelle clientèle. Le PMU City a été installé dans les centres-villes et l'équipement Hipigo veut séduire de nouveaux parieurs avec des écrans télévisés. Par ailleurs, les paris hippiques pris à l'étranger ont été développés et représentent aujourd'hui 13 % des enjeux, soit un milliard d'euros, ce qui est loin d'être négligeable.

Nous ne partageons pas les vives critiques de la Cour des comptes au sujet des paris hippiques étrangers. Le PMU a développé l'activité des parieurs professionnels résidant à l'étranger, qui ont une connaissance approfondie des jeux et recourent sans doute à des logiciels afin d'évaluer les chances de succès. Le PMU a renforcé les clauses contractuelles relatives au contrôle des parieurs professionnels, et il nous semble qu'il n'y a pas lieu de vouer aux gémonies ces parieurs qui apportent plus de 400 millions d'euros de mises par an.

Le PMU a mené une politique de multiplication des courses dont le nombre a conséquemment crû, ce qui en a probablement réduit l'intérêt. L'évolution des chiffres entre 2006 et 2015 montre un quasi-doublement du nombre des évènements, ce qui, à mon sens, ne saurait constituer un facteur de développement durable, car ces courses sont parfois de second ordre, le nombre des chevaux au départ étant faible – six par exemple – et l'attrait pour les parieurs moindre.

C'est donc à juste titre que le PMU conduit aujourd'hui une réflexion tendant à privilégier les courses susceptibles de présenter un véritable intérêt aux yeux des parieurs, ce qui ne peut que passer par une réduction du nombre des événements afin que renaisse le suspense et que l'entreprise continue de dégager des bénéfices.

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