Ce chiffre n'est pas connu, car l'évaluation est difficile à établir, mais la question pourrait faire l'objet d'une étude.
Notre travail a aussi porté sur les carences du traitement du jeu problématique. Il faut tout d'abord conserver à l'esprit que le secteur des jeux représente quarante-cinq milliards d'euros d'enjeux annuels.
Entre 2010 et 2014, la part des joueurs occasionnels est passée de 47,8 % à 56,2 %. Le nombre de joueurs excessifs demeure stable ; en revanche, le nombre des joueurs à risque modéré a été multiplié par 2,5, passant de 400 000 à 1 million en cinq ans. Il s'agit donc d'une question de vigilance pour les politiques de santé publique de notre pays.
Le montant annuel moyen des mises s'élève à 760 euros, mais avec une très forte dispersion. Près de 86 % des joueurs s'adonnent aux jeux en dur et on recense déjà deux millions de joueurs en ligne. Le jeu constitue aujourd'hui la seule addiction sans substance reconnue, caractérisée par des troubles de l'impulsion aggravés par des jeux plus accessibles et plus addictifs. La pratique du jeu s'intensifie : les joueurs réguliers jouent plus souvent et davantage. Le joueur excessif est en général un homme plutôt jeune, fumeur, d'un milieu modeste et plus souvent inactif ou étudiant. Les jeux auxquels il s'adonne plus souvent que les autres sont les paris sportifs et le poker (sept fois plus), les paris hippiques et les jeux de casino (quatre fois plus) et le jeu de grattage CashMillionnaire (deux fois plus).
Les conséquences sanitaires et sociales du jeu problématique sont mal connues, notamment en termes de séparation des couples, de chômage, de surendettement, de délinquance ou de suicide. Aucune mesure du phénomène n'est disponible. Nous proposons donc qu'une étude scientifique soit conduite sur le coût social du jeu problématique, en intégrant les conséquences aujourd'hui non quantifiées.
J'en viens à la diffusion des bonnes pratiques en matière de jeu responsable.
Les pouvoirs publics font passer des messages sanitaires qui sont correctement diffusés. Cependant, nous avons quelques doutes sur l'efficacité de ces messages et leur caractère dissuasif. D'autres mesures semblent plus efficaces, comme le contrôle d'accès dans les casinos, l'interdiction de fumer dans les casinos ou le faible taux de retour aux joueurs (TRJ), notamment sur les jeux de tirage et de grattage.
Les carences sont manifestes s'agissant de l'application de l'interdiction du jeu aux mineurs, de l'accessibilité du fichier des interdits de jeu dans l'ensemble des points de vente, de l'effectivité des modérateurs de jeu et de la régulation de la politique commerciale des opérateurs.
Nous proposons d'étendre la consultation du fichier des interdits de jeu au réseau des points de vente physique du PMU et de la Française des jeux, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
L'État intervient surtout dans le domaine curatif, notamment par le dispositif « Joueurs info service » et les centres de soins, et moins dans le domaine préventif. Nous souhaiterions d'ailleurs adresser un message au ministère de la santé, l'invitant à s'impliquer beaucoup plus qu'à l'heure actuelle dans les politiques de jeu responsable.