Monsieur le Président, il y a un peu plus de cinquante ans, à l'occasion de la campagne présidentielle de 1965, j'avais assisté à une réunion publique du candidat François Mitterrand à Saint-Quentin. Je lui avais alors posé la question suivante : trouvez-vous normal que les Français consacrent davantage d'argent au PMU qu'à l'aide française au développement (AFD) ? Il m'avait répondu que cela pouvait paraître étonnant, mais qu'après tout la liberté de chacun devait être respectée – même si les voisins qui m'accompagnaient étaient un peu plus virulents à l'égard du jeune homme que j'étais et qui n'avait pas l'air d'apprécier beaucoup le PMU, contrairement à eux…
Cinquante ans après, je constate que la situation n'a pas beaucoup changé puisqu'en 2015, l'AFD s'élevait à 8,1 milliards, et que pour le PMU, paris sportifs inclus, on en était à un peu plus de 9 milliards – d'après le tableau qui figure dans le rapport de nos collègues.
Mais depuis, vingt-cinq ans de vie parlementaire m'ont permis de découvrir toute la complexité de l'organisation économique et sociale de notre société, et les revenus que l'État peut tirer des jeux, revenus qui ne sont pas négligeables.
Je lirai donc le rapport de nos collègues avec un grand intérêt. D'après ce que j'ai déjà vu en le feuilletant, il est très complet et passionnant. Quant aux interventions de nos rapporteurs, elles ont mis en lumière divers aspects de la question, économiques, sociaux, voire de santé publique.
Toutefois, subsiste encore en moi l'interrogation qui était celle du jeune homme de vingt-cinq ans : est-ce que c'est moral ?