Monsieur le Premier ministre, ma famille politique a forgé la nation, elle a bâti l’Europe, elle a installé la République et l’a toujours défendue quand elle était menacée. Aujourd’hui, l’esprit de démission a gagné les institutions européennes. Jean-Claude Juncker vient de livrer une vision extrêmement pessimiste de l’avenir de l’Europe, prédisant son impuissance et sa division, tétanisée par la tragédie continentale du Brexit, fustigeant la lâcheté de celles et ceux qui en font – pardonnez-moi le jeu de mots – le « bouc hémisphère » de leurs vicissitudes nationales. Comment ne pas l’entendre, alors que la défiance des peuples à l’égard de l’Europe n’a jamais été aussi importante ?
Faute de politique migratoire commune, les valeurs européennes sont étouffées. Faute de cadres économiques et sociaux communs, nos entreprises sont soumises aux pires travers de la mondialisation. Faute d’une défense commune, nous serons, sans doute, les marches fragiles d’empires en mal de nouvelles conquêtes territoriales.
Le Brexit, qui aurait dû, qui aurait pu permettre de refonder l’Europe, accélère sa division et l’affaiblit. Les déclarations agressives du nouveau locataire de la Maison-Blanche n’ont malheureusement créé aucun électrochoc européen. Nous n’avons pas le droit, chers collègues, de laisser notre projet européen ainsi péricliter.