Les 200 millions d'entrées en salles en 2016 constituent en effet une sorte de record, mais le piratage ne se poursuit pas moins lors de l'étape suivante, lorsque les films sont proposés en vidéo. La loi HADOPI ne permet pas de réprimer toutes les formes de piratage, notamment le streaming ; une action européenne concertée doit conduire à inclure les opérateurs dans la lutte contre les sites pirates.
M. Hazanavicius a comparé le vol que constitue le piratage de films au vol de tomates à l'étalage. Il faut, plus généralement, s'interroger sur le bien-fondé du « tout, tout de suite » : n'est-ce pas un comportement destructeur que de manger des tomates en hiver ? Il est important que la profession cherche à dégeler la chronologie des médias pour que les oeuvres soient disponibles sur Internet après l'exploitation en salles mais, à l'échelle du citoyen et pour la planète, la notion d'une consommation immédiate et gratuite doit être combattue, car cela n'est pas possible. Des règles doivent être posées et les jeunes générations doivent les accepter, ce qu'elles feront si les choses leur sont expliquées en ces termes.
Enfin, la technologie permet aux chaînes et donc aux spectateurs de choisir s'ils veulent regarder un film en version doublée ou en version sous-titrée et, même si des efforts sont encore nécessaires, les salles ont largement favorisé les projections en version originale et continueront de le faire.