Intervention de Claude Bartolone

Réunion du 15 février 2017 à 10h00
Mission d'information sur les suites du référendum britannique et le suivi des négociations

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Bartolone, président :

C'est évident. Prenons un exemple franco-français : si un certain parti populiste est désormais plus réservé sur l'idée d'une sortie de l'espace protecteur de la zone euro, c'est notamment parce que de nombreux retraités ont compris que cela entraînerait une dévaluation, avec tout ce que cela implique. Alors, bien sûr, la situation dans laquelle nous nous trouvons résulte du choix de nos amis britanniques, mais nous devons aussi nous demander que faire maintenant. Reconnaissons-le les uns et les autres, c'est aussi un document testamentaire que nous laissons. Nous léguons un certain nombre d'indications à la prochaine majorité, quelle qu'elle soit.

Il faudra notamment être très attentif aux efforts diplomatiques que pourront déployer les Britanniques – nous connaissons leur talent en la matière. Prenons-y garde : ils pourraient chercher à profiter de la séquence électorale qui s'ouvre en France et en Allemagne. Cela étant, notre travail et le document qui en est issu témoigneront, pour les spécialistes, de l'existence d'un « centre de gravité » qui nous est commun.

Le défi qui nous est lancé conduira peut-être cette « Assemblée du non-cumul » qui naîtra des prochaines élections législatives à revoir sa propre organisation. Nous mesurons l'importance de la question européenne, une importance qui tient à des facteurs internes, à des facteurs internationaux, à des questions de frontières, à des raisons de sécurité, et à un certain nombre de politiques verticales. À cet égard, j'ai bien entendu les remarques faites par Gilles Savary et Daniel Fasquelle, et je suis bien conscient de certaines préoccupations, que suscite notamment la pêche, mais veillons à ne pas nous laisser entraîner dans un piège. Imaginez quelles possibilités s'ouvrent au Royaume-Uni si nous commençons à négocier politique par politique ! Il faut l'avoir à l'esprit.

Il faut aussi trouver le bon mode d'association des parlements nationaux. La sortie du Royaume-Uni relève d'une décision européenne, mais, comme le suggère Pierre Lellouche dans sa lettre, il ne saurait être question de dire aux parlements nationaux : « Circulez, il n'y a rien à voir ! » Ou alors nous irions au-devant de graves difficultés, notamment lorsqu'il sera question d'envisager la suite. Ce serait une erreur de considérer que la question n'est l'affaire que de l'échelon européen.

Il est bon aussi que ce débat repose la question de l'Europe à plusieurs cercles, de la zone euro à l'Europe des Vingt-Sept, et même au-delà. Songeons au message adressé à l'Ukraine, à un certain nombre de pays d'Afrique du Nord. Il nous faut envisager, c'est inéluctable, quels espaces de coopération sont possibles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion