Tout d'abord, je veux remercier au nom des députés du groupe radical, républicain, démocrate et progressiste (RRDP), la présentation synthétique et pédagogique de notre collègue François-Michel Lambert sur les enjeux du secteur de la logistique, son avenir et les défis qui l'attendent.
S'il était encore besoin de le souligner, cette activité est très importante pour notre économie, elle concerne quasiment tous les secteurs d'activité, et pour certains, les coûts de livraison et d'acheminement pèsent lourd dans les comptes d'exploitation. Il y a un sujet sur la compétitivité de nos entreprises, c'est un facteur parfois majeur. L'approvisionnement, la gestion des stocks, la réactivité à la demande de la clientèle dépendent directement de la qualité du système de transport, et un nouveau type d'opérateur apparaît, une tendance qui semble de long terme vers la sous-traitance de la logistique.
Si l'écotaxe n'a finalement pas vu le jour, ce que l'on peut regretter ici, et si nous y viendrons un jour ou l'autre dans une version qui ne doit pas nuire à la compétitivité, le secteur de la logistique supporte des charges parfois importantes, surtout avec la montée des préoccupations environnementales, et ce n'est pas anodin si c'est un député avec une fibre écologiste forte, par ailleurs en charge de l'économie circulaire, qui préside la commission nationale de la logistique.
Le deuxième sujet majeur du secteur, c'est la concurrence déloyale, notamment « intra-européenne », du fait notamment du dumping social et salarial des transporteurs des pays d'Europe de l'Est, qui va au-delà des dispositifs législatifs mis en oeuvre, et qui continue de faire des dégâts, surtout dans le domaine des transports.
Nous avons adopté beaucoup de mesures qui devraient limiter les abus, mais où en est-on aujourd'hui ? Des progrès effectifs ont-ils été constatés ? Comment pouvons-nous encore améliorer cette lutte contre une concurrence mortifère pour nos transporteurs français qui respectent des exigences sociales, écologiques et salariales plus élevées mais nécessaires pour l'environnement comme pour les salariés ? Mon collègue Olivier Falorni reviendra sur ces questions.
Ce secteur pèse 10 % du PIB et 1,8 million d'emplois, c'est important. Et cela s'explique : aujourd'hui, l'e-commerce explose, la livraison en 24 heures est devenue la norme. C'est un enjeu en mouvement permanent, vraiment en marche, comme chacun peut le constater. C'est un enjeu crucial pour les territoires et particulièrement celui que je connais le mieux, puisque j'en suis le maire : Château-Thierry. Dans ma ville, aujourd'hui, la logistique mobilise près de 800 salariés et s'étend sur 40 hectares. Évidemment, nous nous trouvons à 80 kilomètres de Paris, en bordure de l'autoroute A4, situation idéale pour l'espace nécessaire aux unités logistiques dont le conditionnement a pris une part importante pour rayonner en Europe.
La logistique, pour une ville moyenne comme Château-Thierry, c'est bien plus que des emplois de main-d'oeuvre non qualifiés. Pourquoi ? Parce que la logistique est un des rares secteurs qui permette une mobilité interne, la progression des métiers de main-d'oeuvre vers des postes d'encadrement par exemple y est courante.
Dans une ville moyenne, il n'existe que rarement des formations qui vont au-delà du BTS, puisqu'il n'y a pas d'université ou d'écoles post-bac. De nombreux jeunes partent de la ville pour étudier ailleurs et ne reviennent jamais. Tout l'intérêt des métiers de la logistique pour nos villes est qu'elle « consomme » des emplois et en plus, les qualifie. Je suis satisfait qu'un axe complet, intitulé « développer le capital humain et faciliter la lisibilité de l'organisation logistique » traite de ce sujet dans cette stratégie « France logistique 2025 ».
Si ces entreprises s'installent évidemment au bord de l'autoroute, ce qui réduit l'impact de leurs nuisances pour les habitants, elles empiètent sur les terres agricoles, dont nous parlions hier en commission mixte paritaire sur l'accaparement des terres agricoles. Si nous luttons contre la spéculation sur les terres agricoles, il est aussi nécessaire de développer l'activité économique dans nos villes moyennes, rurales.
Au-delà de la nécessité du plan régional dont vous avez parlé, nous appelons à l'établissement d'un schéma intra-régional. Merci, en tout cas, d'avoir montré, à travers ce rapport, que la logistique est un secteur d'activité fort pour nos territoires ruraux.