Intervention de Catherine Lemorton

Réunion du 15 février 2017 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Lemorton :

Tout d'abord, je souhaite rappeler que l'industrie pharmaceutique jouit dans notre pays d'un écosystème favorable. Outre le CIR et le CICE, vous bénéficiez du système des autorisations temporaires d'utilisation, qui est assez spécifique à la France et dont vous êtes contents, me semble-t-il. Vous avez aussi les « listes en sus » dans le milieu hospitalier.

Monsieur Philippe Luscan, vous comparez votre secteur à l'industrie aéronautique. La comparaison me paraît avoir des limites : contrairement à vos produits, les Airbus ne sont pas encore remboursés par la sécurité sociale et les assurances complémentaires.

En étant un peu désagréable, je vous ferai aussi remarquer que Sanofi a beaucoup contourné les médicaments génériques. Si vous voulez faire des comparaisons internationales, il faut rappeler que la pénétration des génériques a été beaucoup moins rapide et beaucoup moins importante en France que dans les autres pays européens. Vous avez passé beaucoup de temps et dépensé beaucoup d'énergie à contourner les génériques. Rappelons qu'en 2013 vous avez été sanctionnés par l'Autorité de la concurrence – avis confirmé par la cour d'appel et par la Cour de cassation – pour contournement et dénigrement du générique de votre Plavix. Cela méritait d'être rappelé : pendant qu'on perd de l'argent à cela, on fait un peu moins d'innovation.

En ce qui concerne les visiteurs médicaux, Monsieur Philippe Lamoureux, rappelez peut-être à mes collègues les deux raisons qui vous ont conduits à vous séparer d'une partie des effectifs. D'une part, nous ne sommes pas un pays modèle en termes de scandales sanitaires liés aux médicaments. Lors des débats sur la loi sur le renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé, présentée par M. Xavier Bertrand, nous avons dénoncé des liens d'intérêt : les visiteurs médicaux faisaient le travail que vous leur demandiez de faire et, dans certains cas, on voit où cela nous a menés. D'autre part, l'innovation se fait sur des médicaments de niche, qui n'ont pas vocation à être prescrits à des millions de patients comme les antibiotiques. Vos visiteurs médicaux vont se concentrer sur ces médications de niche, pour lesquels vous allez demander des prix très élevés.

Que pensez-vous de la possibilité pour la France d'actionner la licence d'office pour les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) ? Le Conseil d'État a rendu une décision sur ce point le 7 février dernier, afin de permettre la commercialisation de médicaments moins chers si les laboratoires ne souhaitent pas baisser les prix de leurs innovations. Rappelons que votre industrie peut prospérer grâce à des systèmes de sécurité sociale solvables comme le nôtre. Si nos systèmes dévissent, vous ne pourrez plus vendre vos médicaments et vos innovations très utiles à nos concitoyens.

Que pensez-vous de la création du fonds de financement de l'innovation thérapeutique, votée dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2017 ?

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