Intervention de Philippe Luscan

Réunion du 15 février 2017 à 9h30
Commission des affaires économiques

Philippe Luscan, président de Sanofi France et vice-président exécutif des affaires industrielles mondiales :

M. Yves Blein m'a interrogé sur l'export et d'abord sur les difficultés d'être agréé par les États-Unis. Du fait d'un système très complexe, l'agrément américain est le plus sophistiqué, le plus élaboré et son obtention requiert plusieurs années de préparation. Pour ce qui est de l'avenir, soyons excellents, c'est notre meilleure chance pour exporter. Quant à la Chine, elle est de ces pays qui incitent à la production locale. Ainsi le groupe Sanofi a-t-il des usines de production en Chine pour fabriquer certains médicaments. Notre groupe est le premier laboratoire pharmaceutique dans les pays émergents avec un total de vingt-cinq usines fabriquant des produits domestiques et non pas des produits mondiaux que l'on exporterait à partir des usines françaises. Un site comme celui, historique, d'Ambarès, près de Bordeaux, travaillait à 90 % pour l'Europe – dont 60 % pour la France –, lorsque j'ai intégré le groupe, alors qu'il travaille aujourd'hui à 90 % pour des pays situés hors d'Europe, parmi lesquels la Chine, le Japon et des pays d'Afrique et du Moyen-Orient.

Pour ce qui est du rôle de Sanofi en France, depuis plusieurs années, nous sommes engagés dans des partenariats avec des petites sociétés ou des laboratoires de recherche – plus de soixante dans la recherche et développement, qu'il s'agisse d'instituts de recherche ou de startups. Nous sommes également engagés dans un fonds qui permet de financer le démarrage des petites sociétés, et j'ai pris moi-même l'initiative, il y a deux ans, d'être leader dans un pacte PME – et la région où vous êtes élu, Monsieur le député, est à cet égard exemplaire – visant à fédérer toutes les PME autour de nos trente-cinq sites en France. Ce pacte est considéré par l'association des PME comme un modèle du genre dans l'industrie.

J'en viens à l'interrogation de Mme Jeanine Dubié sur la stratégie industrielle. Je pense avoir montré que nous avions constamment essayé d'anticiper les évolutions de production, notamment en renouvelant tous les six ans un tiers de la production de chacune de nos dix-huit usines. Je ne reviens pas sur les cinq leviers stratégiques, mais soyez assurée que nous allons continuer de les utiliser dans le cadre d'une politique industrielle durable exemplaire, cela afin, en particulier, de renouveler le portefeuille d'activité des usines.

M. André Chassaigne et M. Guillaume Bachelay m'ont interrogé sur notre activité pour tiers. Le développement du site de Vertolaye a été exemplaire : au cours des cinq dernières années, nous y avons investi 130 millions d'euros et embauché 200 personnes. Sur la même période, nous avons investi également 130 millions d'euros dans le site de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et embauché 100 personnes. Cela n'était pas arrivé depuis longtemps. Je me souviens d'ailleurs qu'en 2004-2005, quand j'ai repris la direction industrielle de la chimie, le site de Saint-Aubin-lès-Elbeuf était en grande difficulté. Aussi, je me réjouis du développement que nous avons impulsé, dans la même dynamique entrepreneuriale que pour les autres sites français.

Vous avez cité, Monsieur André Chassaigne, l'exemple d'une cession de site. D'autres cessions se sont révélées exemplaires pour Sanofi. Nous nous sommes efforcés de trouver des partenariats industriels à même de développer les sites en question – je pense à celui de Quetigny, près de Dijon, ou à celui de Colomiers près de Toulouse. Depuis 2008, l'effectif industriel de Sanofi est resté stable à 13 000 salariés – il a même augmenté de quelque 500 personnes. Nous avons procédé à 1 000 recrutements dans les usines l'an dernier et en avons prévu 500, avec l'intention d'entretenir la dynamique entrepreneuriale qui caractérise notre groupe.

Je reviens sur l'activité pour tiers, fragmentée et impliquant de nombreux acteurs : nous avons annoncé, il y a six mois, qu'elle ferait l'objet d'une consolidation stratégique dans les années à venir. Il n'est pas question de procéder à des fermetures ; bien au contraire, je l'ai dit, nous avons développé les sites de Vertolaye et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf. La question, pour nous, est de savoir comment, dans les cinq à dix ans à venir, nous allons poursuivre leur développement. Nous allons réfléchir, d'ici à la fin de l'année, à des partenariats permettant de fédérer la consolidation évoquée. Nous serons donc à même de vous apporter des éléments beaucoup plus précis vers la fin 2017.

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